Avant d’attaquer le gros du sujet, j’ai nommé Tokyo, j’avais promis de faire un point sur les spots « nature » vus durant ces deux semaines et demi de voyage au Japon. Et oui, le pays a beau avoir une dizaine d’années seulement – ceci est une honteuse private joke pour quelqu’un qui était trop dissipé pendant les cours d’histoire-géographie visiblement – il ne se résume pas à une succession de gratte-ciels, de temples et de panneaux lumineux. Et même si les grandes villes ont toutes des jardins magnifiques, la nature respire bien plus le côté zen que l’on attend aussi d’un tel voyage.
Bien sûr, le temps sur place était beaucoup trop court pour voir des endroits vraiment sauvages. A fortiori lors d’un premier voyage au Japon (où l’on veut forcément voir les incontournables Tokyo, Kyoto, Hiroshima…) ; a fortiori si on ne voyage qu’en train ; et a fortiori si on se rajoute une contrainte avec des matchs de coupe du monde de rugby qui ne peuvent avoir lieu que dans des coins relativement bétonnés. Ça commence à faire beaucoup de « fortioris » même si Australie-Géorgie à Shizuoka, région relativement peu touristique, fut le prétexte à une journée relativement verte du côté des plantations de thé et de kiwi.
Première excursion : Nara, à moins d’une heure de train d’Osaka. Pas franchement hors des sentiers battus, pas complètement naturel, l’immense parc de Nara est une succession de temples, de jardins (autrefois privés), de petites étendues d’eau…
Parmi les différents temples, le Todai-Ji est connu pour abriter d’une part la plus grande construction en bois du monde, d’autre part une énorme statue du Bouddha appelée « Grand Bouddha » (qui a parlé d’originalité ?) d’environ 15 mètres.
Outre la statue, Nara est connu principalement pour ses nombreux cerfs. L’animal est sacré là-bas et ne risque pas grand-chose ; aussi cotoie-t-il librement les nombreux visiteurs qui peuvent les nourrir s’ils veulent. A noter, car les guides touristiques se trompent généralement à ce sujet, que ce sont bien des cerfs et non des daims, comme pourrait le faire penser leur petite taille – petite pour des cerfs mais standard pour des Sika, l’espèce en question.
Plus tard, depuis Tokyo, nous avons fait l’aller-retour en train au mont Takao. Le but était de faire un truc faisable en journée, en étant de retour en ville pas trop tard, sans faire des heures de train, et sans que ce soit trop chaud en terme de difficultés. Alors je sais que vous vous posez cette question :
Chaud, Takao ?
Chaud, chaud, chaud, Takao… Non, pas vraiment. Il y a eu un peu de difficultés causée par la pluie non-stop depuis 4-5 jours qui a rendu le sol glissant, il y a un peu de dénivelé mais ça reste tout-à-fait accessible même si beaucoup le font… en téléphérique.
Quelques mini-temples égayent le chemin et à mi-hauteur environ, un premier point de vue permet d’admirer Tokyo par temps clair…
Au sommet, pas de miracle, la vue ne sera guère plus dégagée, mais la rando reste malgré tout sympathique. Un totem marque fièrement l’arrivée au sommet et donnera l’occasion à mon sac Flauraud d’apparaître pour ce qui en train de devenir un running gag de mes voyages.
Nara, Takaosan, tout ceci est bien gentil mais difficile de parler de nature au Japon sans parler du mont Fuji.
Initialement, nous avions prévu de passer deux nuits à Hakone – qui se prononce A-ko-né, au cas où vous viendrait l’idée saugrenue de chantonner lonely. De là, il existe un parcours relativement classique/connu qui aurait bien occupé la journée complète sur place : on voyage d’abord en train jusqu’à Gora, sur ce qui serait la plus ancienne voie ferrée du Japon et qui serpente entre ponts et tunnels. On enchaîne sur un téléphérique jusqu’au mont Sounzan, puis un funiculaire jusqu’à Owakudani. On profite de la vue, puis on redescend de l’autre côté et on enchaîne par un retour en bateau sur le lac Ashi, là où se prend la fameuse photo du mont Fuji se reflétant dans l’eau. La journée se conclut alors par un moment relaxant dans l’un des nombreux onsen (les baignades dans les sources d’eau chaude) de Hakone.
Tout un programme. Sauf que nous devions rejoindre Hakone le 12 octobre, après un détour par Yokohama pour voir le match France-Angleterre. Ce jour-là, aucun train n’a circulé dans tout l’est du pays en prévision du passage du typhon Hagibis, le plus violent depuis 1958.
Notre 12 octobre a donc été passé coincé à l’hôtel à Toyohashi même si nous avons bravé la tempête et risqué notre vie pour rejoindre… un karaoké ouvert 24 heures sur 24, même pendant les typhons les plus meurtriers donc !
Ma version low cost de WordPress ne me permet pas de mettre de vidéo. Réjouissez-vous !
Cette karaoké-room proposait même des jeux de fléchettes, sur des machines identiques à celles de notre QG de Clermont-Ferrand, j’ai nommé le Comptoir Viking. L’occasion d’affronter (et de battre) nos camarades auvergnats à distance.
Mais on s’éloigne de la thématique « nature » de l’article… Le lendemain, les trains furent rétablis sur les grandes lignes en milieu de matinée et nous nous rendîmes à Hakone. Mais le train à vapeur des montagnes n’avait de son côté pas résisté au typhon et était encore fermé à la circulation, tout comme de toute façon les téléphériques que nous devions prendre un peu plus loin – tout a rouvert depuis.
Nos projets contrecarrés, on se rabat sur un plan B trouvé par hasard, et disponible lui : Mishima, où se situe le SkyWalk, le plus long pont suspendu piétonnier du Japon. Il offre au bout un petit parc où on peut se balader ou faire diverses activités (tyrolienne, accrobranche…) mais aussi et surtout un superbe point de vue, avec d’un côté le mont Fuji et de l’autre l’océan pacifique !
Ca ne vaut probablement pas le programme initial mais ça reste fort sympathique malgré tout. Après, si le but reste juste d’apercevoir le mont Fuji, on peut se contenter des trajets en Shinkansen qui offrent plusieurs occasions – difficile de le rater avec ses 3.776 mètres d’altitude.
Il y a encore beaucoup à faire hors des villes au Japon et ma grande envie, si j’y retourne, serait d’explorer davantage les alentours de Kumamoto sur l’île du sud qui est parfaite pour ça – mais qui encore une fois, suppose d’être véhiculé…
Les bonnes adresses :
– Onsen Hostel K’s House : notre hébergement à Hakone où nous ne sommes restés qu’une nuit au lieu de deux… Dommage, c’était sans doute le meilleur de notre séjour ! Une auberge avec des dortoirs classiques, des dortoirs dans le style japonais, une grande salle commune, mais aussi et surtout son propre onsen ! Sans doute un peu moins joli que dans les établissements qui ne font que ça, mais agréable malgré tout. Il est coupé en deux parties, un extérieur (plus joli), un intérieur (plus agréable en cas de mauvais temps). Nudité obligatoire oblige, l’un est réservé aux gars pendant que les filles ont le second ; et à une certaine heure, on inverse. Je dois aussi souligner que l’établissement a accepté de nous rembourser la première nuit où les transports paralysés nous ont empêché de venir alors que rien ne l’y forçait… Bref, que des bons points !
Et ouais, je suis à oilpé !
– Costa Rica City Garden : un restaurant mi-italien mi-costaricain au dernier étage d’un immeuble relativement éloigné du centre ville. Une carte exclusivement en japonais, des serveurs qui ne parlent pas du tout anglais, dans cette ville certes peu touristique de Toyohashi. Tous les ingrédients d’un accident industriel étaient réunis même si les bonnes notes sur Tripadvisor rassuraient un peu. Au final, malgré des choix quasiment à l’aveugle sur la carte, on a très bien mangé ! Et profité de la vue.
Une réflexion sur “Le Japon, entre sommets et zénitude”