Vous avez remarqué ? Un titre d’article sans jeu de mots. Enfin. En même temps, qu’est-ce tu veux faire avec « Koh Rong Samloem »…
Si vous vous souvenez (oui je sais, vous ne vous en souvenez pas) de l’itinéraire prévu que j’avais posté dans le premier article de la série cambodgienne, alors vous savez qu’après Battambang, nous avions prévu d’enchaîner sur un arrêt dans les Cardamomes, les montagnes à l’ouest du pays.
Nos plans ont changé car si l’itinéraire peut sembler logique sur une carte, l’ouest est en réalité ravitaillé par les corbeaux. Il faut repasser par Phnom Penh dans tous les cas et attendre le bus, sachant qu’il y en a un tous les sept ans environ. Oui j’exagère. Mais pas beaucoup.
Nous décidons donc d’aller directement vers les îles du sud et d’utiliser le temps « gagné » pour passer plus tard par Kep, ou Kampot, ou les deux.
C’est reparti pour un tour de bus-couchettes !
Deux îles se situent au sud-ouest du pays : Koh Rong et Koh Rong Samloem, proches l’une de l’autre. La première a la réputation d’être plus animée, la seconde plus sauvage, et dans les deux cas il faut prendre un bateau au départ de Sihanoukville pour s’y rendre. TOUS les voyageurs rencontrés au cours de cette première semaine étaient unanimes : lorsque nous parlions de notre envie d’aller sur une des deux îles (nous ne savions pas encore laquelle), ils nous disaient : « très bien, bonne idée, mais ne restez pas à Sihanoukville, c’est nul ! ». Au final, quand nous avons vu que nous arriverions sur Samloem en fin d’après-midi juste pour manger et dormir, on s’est dit qu’on allait quand même faire un stop à Sihanoukville, avant de prendre le premier bateau du lendemain matin.
Verdict : N’ALLEZ PAS A SIHANOUKVILLE !
Les gens avaient raison. Alors historiquement, cette ville était une station balnéaire plutôt agréable. Mais depuis quelques années, elle a été complètement envahie par les chinois qui investissent en masse ici pour en faire le Macao cambodgien. On y trouve des rues encombrées, des plages polluées, des hôtels sans âme en bord de mer un peu partout, et des casinos dont l’entrée est interdite aux cambodgiens comme aux étrangers (ou réservée aux chinois, en d’autres termes).
J’ai failli sauter dans ce bateau échoué pour me casser…
Pour couronner le tout, tout est beaucoup plus cher qu’ailleurs, puisque les prix s’adaptent au pouvoir d’achat des visiteurs venus de l’Empire du Milieu qui ne regardent pas à la dépense. Bref, on est venus, on a vu, on a un peu profité de la plage d’Otres Beach 2 qui est à l’écart de la civilisation et encore un peu préservée (pour combien de temps?) et comme prévu, on est repartis aux aurores.
La seule marque de bon goût dans cette ville !
Direction Koh Rong Samloem. Là, c’est une autre histoire !
Les îles cambodgiennes déçoivent parfois ceux qui ont visité les îles thaïlandaises avant et je veux bien le croire. Mais quand, comme moi, on a pas trop de point de comparaison, on a l’impression d’arriver sur une île paradisiaque. Tout le centre de l’île est recouvert de jungle et on ne trouve des plages et des traces de civilisation que le long des côtes.
Saracen Bay, à l’est, est la plage principale de l’île, là où arrivent habituellement les bateaux du continent. On y trouve la plupart des bars, restaurants, guesthouses… Les prix sont un peu plus élevés que sur le continent : le paradis (et surtout, l’approvisionnement par la mer) a un prix. La réputation de tranquillité de l’île n’est pas usurpée et la plage est tellement grande que l’on peut sans problème utiliser les transats des différents resort, même sans consommer, du moment que ce n’est pas complètement rempli. La forme particulière de l’île fait que cette face est protégée des vents forts, l’eau y est particulièrement calme, et même à marée haute on peut avancer loin dans la mer avant de ne plus avoir pied.
Mais ce serait dommage de ne pas traverser la jungle et de ne pas explorer la face ouest de l’île. Deux plages encore plus dépeuplées s’y trouvent : Lazy Beach et Sunset Beach.
Le chemin qui mène à la première est assez tranquille, tandis que pour la seconde, c’est déjà un peu plus sportif. Rien d’infaisable, mais les tongs sont peut-être à éviter.
Ah, et y a des reptiles bizarres aussi qui traversent des fois…
Les deux plages se valent, j’ai une préférence pour Sunset qui, grâce à son accès difficile, est quasiment déserte. Comme son nom l’indique, c’est censé être l’endroit idéal pour admirer le coucher de soleil… mais nous avons eu droit aux nuages le soir de notre traversée.
Même un peu plus remplie, celle de Lazy n’en reste pas moins très agréable. Pour un séjour vraiment calme, loin des soirées musicales parfois bruyantes de Saracen Bay, les rares guesthouses du coin sont un choix parfait même si les prix montent encore un peu.
Si les deux jours passés sur l’île ont clairement plus l’aspect de vacances que de voyage, nous avons quand même consacré une bonne demi-journée à une sortie en mer. Pour 30$ chacun (26€) nous avions un programme plutôt intéressant : snorkeling, pêche, repas à M’Pay Bay, et planctons fluorescents une fois la nuit tombée. Première surprise, alors qu’on s’attendait à être un petit groupe, nous avons le bateau et ses deux matelots pour nous seuls !
78 gilets de sauvetage pour 2 passagers, je sais pas si c’est rassurant ou inquiétant ?
La partie snorkeling est très sympa : beaucoup de poissons, un peu de corail, des oursins aussi. Le fond marin est tellement riche qu’on peut certes pratiquer cette activité quasiment sur la plage à beaucoup d’endroits de l’île, mais c’est plus agréable et plus varié de le faire en pleine mer (façon de parler : 4 mètres de profondeur).
On passe ensuite à l’activité « pêche », avec du matériel sommaire : du fil, un hameçon et des larves en guise d’appât. Malgré un anglais très, mais alors très limité, les locaux nous montrent comment ils font. De toute évidence on ne parvient pas à les copier car ils sortent un poisson toutes les cinq minutes alors que de notre côté et à nous deux, on s’en tire péniblement avec trois poissons en tout et pour tout (en une heure peut-être?).
Le repas est ensuite pris dans une petite échoppe de M’Pay Bay, village de pêcheurs que certains conseillent de visiter pour son côté authentique et préservé. Je l’ai pour ma part trouvé très touristique, peut-être pas autant que Saracen Bay ou les autres plages, mais bon… Ce n’est pas le Cambodge profond non plus.
La meilleure partie arrive car dans une nuit presque noire (la nouvelle lune avait lieu la nuit précédente – et ça a son importance), et malgré la chaleur qui est retombée, on retourne à l’eau pour voir les planctons fluorescents. Difficile d’expliquer exactement ce que c’est, Wikipedia le fera mieux que moi. Je peux simplement dire que c’est très étonnant et très joli à voir, ce qui est certes loin de l’explication scientifique que vous attendiez peut-être. Mais se croire dans une eau toute noire et voire tous ces trucs briller dès qu’on met la tête sous l’eau et qu’on remue un peu, c’est vraiment surprenant.
Ca se voit qu’on est gelés en sortant par contre ?
Koh Rong Samloem mérite donc parfaitement sa réputation de havre de paix, idéal pour la détente au milieu ou à la fin d’un road trip plus fatigant. Ce n’est sans doute pas la partie du voyage où j’ai été le plus actif, encore que le snorkeling ou la marche dans la jungle étaient assez fatigants. Mais contrairement à Sihanoukville, elle figure en bonne place parmi mes très bons souvenirs du Cambodge, aux côtés des temples d’Angkor… et de ce qui arrive dans les prochains articles.
La bonne adresse :
– Happy Place : les restaurants au bord de la plage, où l’on mange les pieds dans le sable (et presque dans l’eau à marée haute) ne manquent pas. Celui-ci est devenu notre QG grâce à son wi-fi performant, ce qui est loin d’être le cas partout, et entre deux sessions geek on y mange pas trop mal, surtout au barbecue du soir. Recommandé !