Cuba : le bilan, calmement

Ce petit récap’ était au départ intégré comme d’habitude au dernier article de la série « Cuba » avant de me rendre compte que j’avais été trop bavard et que c’était bien trop long ! Alors une fois n’est pas coutume, le bilan sera à part.

Vous l’aurez sans doute remarqué à travers les quatre précédents articles (que je vous conseille d’avoir lus avant d’attaquer celui-ci) mais j’ai adoré Cuba. Il aurait peut-être été encore plus marqué si j’avais pu le faire quelques années plus tôt, mais le dépaysement était bien au rendez-vous. Rien à voir avec mes précédents voyages !

En même temps, tu passes ton temps entre l’Ecosse et l’Irlande…

Et c’est pas faux, hormis la Thaïlande où la population parle bien l’anglais, je n’ai visité que des pays anglophones ou presque. A Cuba, on souffre sans maîtriser un peu d’espagnol et j’ai vraiment regretté d’avoir choisi l’allemand en LV2 il y a quelques années…

L’avantage, c’est que j’ai appris deux-trois bribes sur le tas et peut-être plus progressé en quinze jours que mes amis qui ont subi M. Tomas pendant trois ans au lycée de Mauriac. Je vous dédicace ce billet.

Cuba6 8Un petit hommage à Charlie ?

Le dépaysement était dans la langue donc, mais aussi dans l’architecture, avec le centre-ville colonial de Trinidad en tête ; dans les vieilles voitures bien sûr, qui sont encore très majoritaires mais de plus en plus remplacées par des low-cost modernes comme les chinoises Geely. Les marques françaises développent aussi des modèles spéciaux pour les pays pauvres, comme les Renault Sandero (oui, ce n’est pas Dacia là-bas) ou les Peugeot 301. Malgré ça, vu les prix de ces modèles neufs, les vieilles Lada, Chevrolet and co de cinquante ans ont encore de beaux jours devant elles…

Cuba5 4d doublon

Sur l’argent justement : la particularité de Cuba est bien sur son système de double monnaie. Le peso convertible (CUC) côtoie le peso cubain (CUP), un CUC valant 24 ou 25 CUP environ. Les touristes ne peuvent obtenir que des CUC en échange de leurs euros. Où est l’astuce ? Parfois, pour faire raquer les touristes ou privilégier le pouvoir d’achat des locaux – selon le point de vue – le prix affiché dans les deux monnaies sera très favorable à la monnaie nationale. Ainsi la visite de la Tour Manaca coûtait au choix, 1 CUC ou 2 CUP… On peut citer les bus des cubains qui ne sont payables qu’en monnaie locale, alors que les cars-à-touristes Viazul n’acceptent que les convertibles. Comment récupérer des CUP ? En traînant dans des endroits loin des touristes justement, fréquentés par les cubains (bars, cafétérias, magasins…) qui se repèrent aux prix affichés en monnaie locale. Ils sont en général bien moins cher et si vous payez en CUC, vous rendront la monnaie en CUP. Une situation vécue : trois mojitos pour 45 pesos cubains, vous donnez un billet de 5 pesos convertibles, on va vous rendre à peu près 75 CUP. Vous me suivez ?

Non, tu nous as saoulés avec tes CUS…

Alors passons à autre chose : les hébergements ! Vous avez pu le voir en suivant notre périple, hormis l’auberge de jeunesse particulière de La Havane, nous avons séjourné en casa particular. A Cuba, vous aurez le choix entre les hôtels, souvent hors de prix par rapport aux prestations ; et ces casas, que nous avons payées généralement 30 CUC la nuit pour 3. La qualité était variable on n’est jamais mal tombés, et en plus de l’économie, le gros avantage sur les hôtels reste le côté rencontre, échange avec la population. Nous avons presque toujours eu un petit jus de fruit et quelques pâtisseries maisons d’accueil. C’était aussi l’occasion d’en apprendre un peu sur le pays : l’un de nos hôtes nous a même dit un peu de mal à demi-mot du régime castriste, alors que le sujet politique est souvent tabou là-bas.

Comment les trouver ? Certaines sont réservables sur internet, mais nous n’avons eu aucun problème pour trouver sur place, au hasard ou grâce au bouche à oreille entre les habitants le plus souvent. Parfois, elles affichent sur la porte le nombre de chambres à louer, avec une éventuelle indication sur leur disponibilité.

Cuba5 5

Difficile de parler des casas sans évoquer la bouffe.  Cuba n’est pas un haut lieu de la gastronomie même si on a pu se faire quelques petits plaisirs. Là encore, plusieurs solutions pour manger : les cafétérias à la cubaine, les restaurants pour touristes, et à nouveau… les casas particulars. Tous nos hôtes proposaient le petit-déjeuner pour 5 CUC et le diner pour 10 CUC. C’était généralement très copieux et très bon, même si ça dépend des casas.

Les restaurants sont plus onéreux, proches des prix français, et n’ont rien d’exceptionnel dans l’ensemble. Les deux que nous avons essayés à Varadero étaient un peu au-dessus de la moyenne. Quand aux cafeterias, c’est vraiment pas cher : les prix sont affichés en CUP et vous pouvez vous caler pour l’équivalent d’un euro… En contrepartie les menus sont très sommaires : bocadito (sanwich), pizza, tortilla… Avec toujours les mêmes variétés : jamón, queso, ou pour les jours de fêtes, jamón y queso !

Dernier point, maintenant qu’on sait comment dormir et manger, qu’est-ce qu’on fait entre les deux à Cuba ? J’en ai déjà parlé, mais déambuler dans les rues que ce soit en journée pour le décor ou en soirée pour l’ambiance devrait vous occuper un peu. Le reste du temps, vous résisterez difficilement à l’appel des plages

Cuba5 4Coucher de soleil à Playa Larga…

Cuba est certes une île mais à l’intérieur, la nature offre aussi beaucoup d’activités. Nous en avons surtout profité lorsque nous étions dans la partie ouest avec la vallée de Vinales, où il est possible de se balader à pied, en vélo, à cheval…  Mais la partie entre Cienfuegos et Trinidad, avec la vallée de Los Ingenios et Topes de Collantes, offre encore plus de diversité. Si j’avais pu faire durer le voyage un peu plus, c’est le coin où j’aurais aimé passer plus de temps. Il y a de très belles randonnées à faire dans le coin, des cascades sympas… Ce sera pour une autre fois. En plus on s’est perdu la seule fois où on a voulu partir dans ce coin, je vous rappelle

Cuba5 6Elle part à gauche, je la suivrai ; si c’est à droite… attendez-moi !

Quand au tourisme culturel… Il est assez limité à Cuba. Quelques fabriques de cigares, artisanales et industrielles ; des rhumeries ou musées en rapport avec une marque de rhum, comme le musée Havana Club de la capitale ; des petites galeries d’art… Sans oublier l’incontournable revolución, le sujet favori des cubains. La frontière entre devoir de mémoire et propagande castriste est parfois mince, et on a parfois le sentiment qu’ils mettent en valeur tout et n’importe quoi (des portraits du Ché de toute les couleurs, le fauteuil de salon de mamie Guevara…). Mais le régime politique fait partie du quotidien cubain, c’est ce qui fait la particularité du pays et lui évite d’être une République-Dominicaine-bis.

En tant que touriste, le communisme ne se ressent pas toujours mais on peut quand même le voir dans les lourdeurs administratives, avec les propriétaires des casas qui tiennent des registres très précis sur qui ils hébergent, copies nos passeports et cartes de séjour ; dans la longueur des files d’attente ; dans l’absence de journaux, d’informations ou dans la difficulté d’accès aux télécommunications… Sans parler de la population qui est majoritairement fonctionnaire et se garde bien de tout excès de zèle dans les transports, les restaurants d’état ou certains magasins.

Cuba5 7Un bulldozer décisif dans la bataille de Santa Clara, désormais sanctifié ou presque…

Si je devais synthétiser tout ça, mes conseils pour profiter pleinement de Cuba :

  • parlez un minimum d’espagnol !
  • armez-vous de patience pour tout et soyez larges dans vos plannings prévisionnels ;
  • essayez de louer une voiture… C’est cher, mais au final on a douillé sur le poste déplacements de toute façon, et vous serez beaucoup plus libre pour faire les alentours des ville principales ;
  • n’y allez pas si vous ne supportez pas le rhum ;
  • n’y allez pas si vous ne supportez pas la musique latine ;
  • essayez de discuter avec les cubains. J’ai évoqué la plupart d’entre eux dans les autres articles mais le magicien de Trinidad, la marchand de cacahuète de Varadero, Julio de la cueva à Vinales, El Crespo à Santa Clara ou encore le musicien-guide de la Havane ont marqué notre séjour !
  • et surtout, pour profiter de l’île tout en réduisant le budget, privilégiez les casas particulars et la vie à la cubaine en fuyant les restaurants et hôtels réservés aux touristes. Oubliez l’idée de rester une ou deux semaine(s) entière(s) à Varadero, ça n’a rien à voir avec le vrai Cuba.

Le point budget :

On avait lu un peu partout que Cuba était un pays cher, au final on s’en sort plutôt bien et en tout cas pour moins que prévu : 1.500€.
– rien que 700€ ou presque pour le vol ;
– 140€ pour les hébergements : 10 CUC par nuit et par personne, un poil plus à Varadero (35 CUC la nuit pour trois personnes) ;
– 50€ pour les petits-déjeuners dans les casas ;
– 180€ pour les transports sur place ;
– une vingtaine d’euros pour nos quelques visites payantes ;
– ce qui laisse environ 400€ pour boire, pour manger, pour lâcher quelques pourboires aux musiciens qui jouent dans chaque bar, restaurant, voire dans la rue. Et bien sûr pour ramener quelques babioles ou spécialités locales… Avouez qu’à 4,20€ le Havana Club 3 Ans vendu 18 à 20€ chez nous, il vaut mieux en profiter…

Alors oui, Cuba n’est pas la Thaïlande ou le Cambodge, mais 800€ sur place pour quinze jours, en bougeant pas mal, en se faisant quelques plaisirs sur les restos et en ne lésinant pas sur les mojitos me paraît plus raisonnable que les tarifs généralement annoncés !

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