Même si j’aimerais en faire davantage et vais peut-être essayer de raccourcir les purs récits de voyages pour trouver le temps nécessaire, ça fait longtemps que je n’ai pas écrit d’articles « hors-série ». Le dernier faisait le lien entre voyages et cinéma, avec les lieux réels qui ont servi de décors de films. Délaissons le 7ème art au profit de celui que certains présentent comme le 11ème – même si on est loin d’un consensus à ce niveau-là ; j’ai nommé les jeux de société. Certains évoquent tout simplement le thème de voyage, d’autres une destination, un pays, une ville ou un endroit en particulier, que j’ai visité ou qui donne envie d’y aller.
Les aventuriers du rail
C’est le premier qui me vient en tête ! Le but du jeu consiste à relier en train plusieurs villes entre elle, ce qui a le mérite d’être plus écologique que si on le faisait en avion ou en voiture. Deux versions de base existent : une aux USA, une en Europe. Pour avoir testé les deux, j’ai opté pour l’Europe, un poil plus complexe avec ses systèmes de ferries ou de tunnels. Traverser les Alpes ou la Manche, c’est quand même autre chose que le désert du Nevada…
Mais de multiples extensions existent et paraissent régulièrement. Chacune a sa petite spécificité : au Japon il faut faire cohabiter le Shinkansen avec les trains moins rapides et le dense réseau métropolitain de Tokyo ; en Afrique il faut se démerder avec très peu de lignes, et en Inde on tourne en rond. En France, pas de régime spécial avec une règle tenant compte des grèves, qui aurait été bien adaptée pourtant… Mais une carte qui représente bien la centralisation d’un pays où tout passe par Paris. Ce qui ne vous facilitera pas la tâche quand vous devrez relier Brive-la-Gaillarde à Cherbourg (quel beau voyage).
Beaucoup d’autres jeux sur le thème du voyage en train même si les AdR restent le plus connu. Je pense à Russian Railroads ou à Snowdonia où l’on doit construire une ligne de chemin de fer, mais les mécanismes de ces jeux (pose d’ouvrier, gestion des ressources) prennent le pas sur une thématique qui est plus secondaire.
Concordia
Si vous vous attendez à un jeu inspiré par le Concorde dans le transport aérien cette fois… Perdu ! C’est principalement en navire que vous allez parcourir le bassin méditerranéen de l’antiquité. Bon, le but n’est pas spécialement de voyager, mais bien de coloniser certains coins et de développer son réseau commercial. C’est un voyage d’affaires sans la business class, dira-t-on.
La Havane / Puerto Rico / Madeira
La Havane est un jeu qui se déroule à l’époque post-révolution de Cuba. Le but est de reconstruire la capitale pour qu’elle retrouve sa splendeur d’antan. Pour cala, il faudra avoir recours au marché au noir, collecter des impôts ou encore… faire la sieste. Le thème est peut-être un peu plaqué (dans le sens où ça aurait pu consister à reconstruire Rouen après les bombardements de 1943, c’était pareil, juste un peu moins sexy) mais j’adore ce jeu. Avoir vraiment kiffé mon voyage à Cuba joue sans doute un peu.
Sans rentrer dans le détail (aussi parce que je n’ai pas visité ces endroits), Porto Rico et Madeira sont de la même veine. Madeira se déroule juste après la colonisation de Madère. Là encore, il va être question de son développement économique, de la construction de bâtiments, etc. On est sur du jeu plus complexe mais aussi plus complet, avec son plateau qui représente la carte de l’île. Idem pour Puerto Rico qui a un peu vieilli mais garde une très bonne réputation auprès de ceux qui aiment les jeux « costauds ». On y gère une plantation agricole où l’on va avoir des choix à faire entre agrandir l’exploitation, faire venir des colons, vendre ses produits localement ou aux navires en partance pour l’Europe… Dommage que les cartes comptent beaucoup de texte, ce qui nuit un peu à l’immersion par rapport aux deux précédents.
Tikal
Comme moi, vous avez peut-être visité le célèbre site maya guatémaltèque pour y voir des temples, des ruines et des singes. La donne sera un peu différente dans ce jeu puisque vous y retournerez dans la peau d’un explorateur qui va fouiller l’endroit à la recherche de temples encore enfouis à la recherche de trésors disparus…
Santorini
Encore un jeu où l’on ne voyage pas spécialement, mais qui évoque une destination que j’avais adoré ! Le matos de ce petit jeu qui se joue essentiellement à deux (les variantes pour trois ou quatre joueurs sont pas terribles) est magnifique et rappelle bien les murs blancs et les toits bleus qui caractérisent les Cyclades.

New York Kings
On parcourt cette fois les rues de New York, sur une carte plus ou moins inspirée de son réseau de métros. La visite de l’Empire State Building attendra puisque vous devez enchaîner les missions pour la mafia dans une ambiance à la GTA-like. Un jeu bien thématisé qui s’adresse entre autres aux amateurs de poker, puisque les combats entre rivaux se résolvent à la façon d’une main de Hold’em…
Pandemic
Cette fois, on est là ni pour le tourisme, ni pour le business mais plutôt en « voyage humanitaire ». Le but de votre équipe sera de parcourir le monde pour endiguer les épidémies qui se forment ici ou là, et éviter une contamination à la Terre entière. Plaisant, même si à titre perso, je n’aime pas trop les jeux coopératifs. C’est plus marrant de se foutre sur la gueule. Le même jeu en mode battle où l’on pourrait attaquer son ennemi en lâchant un virus mortel à New Delhi ou à Buenos Aires aurait du succès, j’en suis sûr ! Mais c’est pas au programme.
Deal : American Dream
On se concentre cette fois sur le continent américain. Vous n’êtes pas là pour acheter du terrain, mais bien pour récolter une certaine marchandise que l’on trouve surtout dans les pays d’Amérique latine, et aller l’écouler dans les quartiers chics de Miami, LA ou Vancouver. Libre à vous de passer par la frontière mexicaine qui n’est pas murée, ou de choisir la voie des mers quitte à faire escale en Martinique ou à Cuba.
J’adore ce jeu où le thème est vraiment bien retranscrit et où l’on se met presque à parler espagnol autour de la table quand on incarne le cartel mexicain ou vénézuélien. Libre à vous de maîtriser toute la filière du producteur ou du consommateur ou de passer une alliance entre sudistes et nordistes pour écouler la marchandise… au risque d’être trahi. Il y a tout ce que j’aime !
Catane
Voilà un des pionniers du jeu de société moderne. Il a le mérite d’être accessible même si ce jeu « à l’allemande » n’est probablement pas le plus dépaysant de ma ludothèque, et qu’il faut un petit effort d’imagination pour se croire en Sicile.
Malgré tout, je le conseille à ceux qui éventuellement n’en connaîtraient aucun dans ma liste, c’est un bon début. Et si vous trouvez qu’il prend trop de place, rien ne vous empêche de décaler Catane, décaler Catane. Ohé ohé. Oui, pardon.
7 Wonders
Écoulé à plus d’un million d’exemplaires de 2010 à 2017 – je n’ai pas le chiffre actuel qui a du encore monter un peu – sans parler de ses extensions ou de sa variante Duel jouable uniquement à deux, 7 Wonders est rentré dans la culture populaire et fait partie, avec les Aventuriers du Rail, de ceux qui pourraient être les Risk ou les Monopoly de demain. Bref, vous en avez sans doute entendu parler, vous y avez peut-être joué, et si oui vous vous demandez où je veux en venir en parlant de lui sur un blog de voyages.
La raison est…
Simple ?
Non, soyons francs, tirée par les cheveux. Des 7 merveilles du monde originales, une seule est encore debout aujourd’hui (la pyramide de Gizeh) même si on peut toujours aller sur les sites des autres et faire travailler son imagination, comme je l’ai fait à Olympie où se trouvait la statue géante de Zeus.
Mais surtout, au fil des extensions, l’éditeur a proposé de nouvelles merveilles qui pour la plupart font partie de celles qui étaient candidates à la liste des 7 nouvelles merveilles du monde : Stonehenge, Petra, le Colisée… Ainsi que quelques clins d’oeil à d’autres jeux (Catane…) ou juste humoristiques (Manneken Pis…).
On si on rajoute une dernière bonne raison de le citer avec la dernière extension, « Armada », qui permet d’avoir de l’interactivité avec les joueurs des autres merveilles même à l’opposé de la table… Est-ce qu’au final on valide la présence de celui qui est un de mes jeux préférés et, en tout cas, celui qui plaît à peu près à tout le monde et qui sort plus facilement que les autres dans mon entourage ? Pour moi oui !
Tokaido
Au Japon, Tokaido est une route légendaire reliant Kyoto à Edo (ancien nom de Tokyo). Dans ce jeu à l’ambiance résolument zen, les joueurs effectuent ce voyage initiatique et le vainqueur n’est pas le premier arrivé, mais celui ayant fait le voyage le plus enrichissant. On s’enrichit en regardant des paysages, en rencontrant des gens, en visitant des temples ou en découvrant de nouveaux plats. Très clairement, le jeu n’est pas suffisamment fourbe pour moi, ça manque de bagarre, de trahison ou de bluff, mais ceux qui aiment ce côté apaisant de la culture japonaise s’y retrouveront parfaitement.
Jamaica
Le jeu consiste en une course de bateaux-pirates autour de l’île, le but étant d’être de retour au port de Saint-Louis rapidement et avec le plus gros butin possible (même si les deux vont être contradictoires et qu’il va falloir choisir entre la vitesse et la chasse au trésor). On incarne tous un(e) pirate célèbre ayant œuvré dans les Caraïbes : Jack Rackham, Mary Read… Le tout sous la houlette d’un certain capitaine Henry Morgan ayant donné son nom à une marque de rhum bien connue !
Kanagawa
Encore un jeu dans le thème japonais, plus ou moins dédié à la préfecture de Kanagawa (située entre Tokyo et Shizuoka). Le but est de collectionner des peintures d’arbres, d’animaux ou de temples, ce genre de trucs. Le matos est une fois de plus magnifique : de belles illustrations, des accessoires en bois, et même un plateau en bambou… Mais c’est toujours pas pour moi !
Isle of Skye
Voilà qui devrait déjà m’accrocher un peu plus, d’autant que même si j’adore le Connemara ou Edimbourg, l’île de Skye est vraiment la plus belle région de Grande-Bretagne que j’ai visitée ! Ici, un mécanisme vaguement emprunté au jeu Carcassonne (dont on parle plus bas) nous permet de construire notre propre domaine autour du château de notre clan, et on marque des points en fonction des moutons ou des tonneaux de whiskys qu’on possède par exemple… Le thème est sans doute un peu plaqué une fois de plus, car on pourrait imaginer que ça se passe en Italie avec des pizzerias et des FIAT, mais le jeu est excellent. L’excellente auberge où je séjournais lors de mon passage sur l’île l’avait d’ailleurs dans sa ludothèque !
Airlines / Aeropostale / Planes / Aeroplane…
A l’instar du train, l’aviation a évidemment inspiré de nombreux jeux de société. Cependant, aucun ne me convainc particulièrement. Airlines est du même auteur que « les aventuriers du rail », Alan R. Moon ; on y incarne un patron de compagnie aérienne, mais le jeu se concentre plutôt sur la gestion économique. Même chose pour L’Aéropostale où l’on gère sa compagnie durant l’entre-deux guerres, à l’époque de la première ligne qui reliait Paris à La Paz. Le côté stratégique y est bien développé ; le thème, un peu moins.
Aeroplane vise un public encore plus familial dans un jeu bien hasardeux où l’on va acheter des avions, des aéroports, et mettre l’avion dans l’aéroport : vous l’aurez compris, je ne suis pas convaincu ? Quand à Planes, on doit charger un avion et le décharger ailleurs, sachant que plus il est rempli moins il ira loin… Simple, mais simpliste. Là aussi, plutôt pour les très jeunes ?

Silk Road
Malgré son homonymie avec le marché noir du Darknet, on a ici un jeu « gentillet » où l’on incarne des marchands partis de Chine en caravane pour rejoindre l’Europe, tout en faisant un peu de commerce sur la route – de la soie. Les adeptes du slow-travel qui travaillent en voyageant pour gagner leur pitance s’y reconnaîtront peut-être ?
Carcassonne
Puisque j’en parle avant… Un jeu donc où on pose des tuiles pour construire un domaine sauf que là, tout le monde joue sur la même carte. La préfecture de l’Aude lui a donné son nom uniquement parce qu’il est possible de construire des villes fortifiées. On a donc affaire à un thème encore plus plaqué… et la preuve, c’est qu’il y a eu de multiples extensions et dérivés, par exemple un Carcassonne : Star Wars où les remparts ont laissé la place aux galaxies sans que ça change grand-chose.

Les voyages de Marco Polo
Un dernier pour la route ? Un jeu au cul entre deux chaises : les auteurs ont fait le choix d’un jeu relativement complexe et stratégique, qui vise plutôt un public habitué à des standards costauds… Mais en introduisant une bonne part de hasard lié, d’abord à la pioche aléatoire d’un personnage plus ou moins balèze en début de partie, ensuite à l’utilisation des dés. Je n’ai rien contre l’un ou l’autre, mais les deux ensemble, ça fait beaucoup. Dommage, car le thème est excellent et le côté « course à l’enchaînement des voyages » séduira pas mal de monde. Il est pleinement dans le thème et sans doute plus que certains jeux évoqués plus haut qui, vous l’aurez compris, étaient – pour certains – l’occasion de parler des mes préférés quitte à s’éloigner un peu du sujet de base !
J’aime beaucoup les aventuriers du rail. Par contre j’y joue sur mon téléphone (ce qui permet aussi de jouer en solo, contre une IA), ce qui donne un jeu très rapide, du coup les rares fois où j’y ai joué sur plateau j’ai trouvé le jeux trèèèès lent. Jamaica fait aussi partie de nos grands classiques.
Pour un jeu ambiance asiatique, je te conseille Takenoko. Le but du jeu est de s’ocucper d’un panda, offert par l’empereur de Chine à celui du Japon, tout en prenant soin de la bambouseraie impériale en la faisant pousser et en arrisant bien les parcelles. C’est sympa, et le jeu est très esthétique !
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Takenoko est effectivement très joli ! J’avoue qu’entre le hasard du dé et la chatte qu’on peut avoir (ou pas) en tirant des objectifs « parcelles » déjà quasi-réalisés ou au contraire impossibles, ce n’est pas forcémentmon jeu préféré ; mais comme Catane, il passe très bien pour initier les gens aux jeux de société modernes ou jouer avec des très jeunes !
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