L’itinéraire
Pour quelqu’un qui veut visiter les deux pays, atterrir d’un côté et revenir de l’autre est plus avantageux qu’un retour au point de départ : c’est une bonne option. Globalement, il n’y a pas grand-chose qui vaille le coup au nord des deux capitales, donc inutile de faire une boucle. On rate principalement le lac de Tibériade et Nazareth côté Israël… Et rien côté Jordanie, à part les frontières avec la Syrie ou l’Irak pour les plus joueurs.
La location de voitures sur place
J’ai trouvé la location un peu chère en Jordanie, mais en période touristique assez haute (vacances scolaires en France et en Italie, climat idéal, juste avant le ramadan) c’est sans doute normal. Aucune route à péage, des parkings gratuits et une essence très peu chère compensent largement ! La conduite ne pose pas de problème majeur, Amman est un peu chargé mais beaucoup moins que les grandes villes marocaines (Marrakech en tête) par exemple.
Notre voiture jordanienne (avec une photo prête pour la vendre sur Leboncoin)
Côté israélien, c’est l’inverse. La location coûtait pas grand-chose, mais le carburant est au prix européen. Quelques routes en péage, notamment entre Tel-Aviv et l’aéroport. Il n’y a pas de barrière physique mais un système de caméra et on est prélevé après coup par l’agence de location, rien d’étonnant donc !
Impossible de traverser la frontière avec un véhicule immatriculé dans l’autre pays, dans un sens comme dans l’autre. Il faut donc abandonner sa voiture dans la ville la plus proche et en louer une de l’autre côté si on veut tout faire en voiture. Les taxis postés à la frontière n’en profitent pas trop… contrairement aux bureaux de change côté arrivée.
On ne peut pas circuler en Israël avec des plaques palestiniennes. L’inverse est possible mais demande une grande prudence ! On peut rester sur les axes principaux et dans les zones dites H2, mais il ne faut surtout pas emprunter les routes qui commencent par des gros panneaux rouges où il est écrit en hébreu, en arabe et en anglais qu’on rentre dans une zone H1 sous contrôle palestinien et qui est strictement interdite aux israéliens sous peine de danger de mort…
Ce genre de panneau est mauvais signe askip…
Si c’était à refaire, je ne louerais pas forcément de voiture pour cette seconde partie du voyage où nous sommes restés presque exclusivement dans les villes, où le parking coûtait une blinde à Jérusalem, et où le réseau de bus est assez bien développé.
La frontière terrestre
Il existe trois postes frontières permettant de passer de l’un à l’autre. Celui du Pont Allenby, central, est le plus proche d’Amman et celui qui permettra un trajet rapide entre les deux capitales. En revanche, il ne délivre pas de visa sur place dans le sens des arrivées en Jordanie.
Au nord, proche de la mer de Galilée, le passage Sheikh Hussein vous servira si vous faites une boucle complète et est aussi le seul à être ouvert 24/24. Pour les autres, il vaut mieux se renseigner sur les horaires de passage, voire sur les éventuelles fermetures lors des fêtes juives ou islamiques.
Enfin, au sud, celui entre Eilat et Aqaba est le plus logique pour les touristes qui comme nous font un itinéraire en « U » (pas les magasins). Comme les deux villes sont d’importantes stations balnéaires au bord de la mer rouge, elles sont proches de la frontière et on y trouve toutes les principales agences de location de voiture. Tip : pour les activités de snorkeling/plongée, il vaut largement mieux rester sur Aqaba pour profiter des prix jordaniens…
La plongée à Aqaba : beaucoup d’épaves dans la mer rouge…
Les contrôles en Israël
Vaste sujet sur lequel j’en avais entendu beaucoup avant le départ !
Je m’attendais à une arrivée assez compliquée, en venant d’un pays arabe (avec lequel ils ont certes de bonnes relations), au final c’est passé assez rapidement. Nous étions 4, et seule celle qui avait un tampon libanais sur son passeport a été un peu plus retenue que nous à l’interrogatoire…
Dans le pays, nous avons eu des contrôles aux alentours de l’aéroport ainsi qu’aux passages entre Israël et la Palestine, particulièrement poussés à la sortie d’Hébron mais tranquilles le reste du temps. Quelques checkpoints pour les voitures comme les piétons en ville aussi – à Hébron toujours – où l’accès aux Tombeau des Patriarches était assez surveillé. Un soldat nous a demandé en nous voyant arriver si on était chrétiens. Quelques secondes de réflexion. On répond oui. Quelques secondes de réflexion de son côté… « OK, allez-y ».
Un lieu très surveillé à Hébron…
Mais tout ça, ce n’était pas grand-chose par rapport à ce qui nous attendait à l’aéroport Ben Gurion !
Première étape : on se présente peu après l’entrée à un guichet où ils prennent nos passeports, puis nous gardent un par un en demandant aux autres d’attendre. Nous aurons des questions sur ce que nous avons fait dans le pays, principalement pour savoir si nous sommes allés en Palestine, le cas échéant si nous y avons rencontré du monde, gardé des contacts, etc. Il arrive qu’ils demandent à voir les photos prises durant le voyage. Inutile de dire que j’avais balancé sur le Cloud ce genre de photo avant de l’effacer de l’Iphone :
Surtout qu’ils ont des têtes de dealers non ? Oui ? Normal, c’en était…
Mêmes questions sur la Jordanie, sans doute pour voir si nos réponses se recoupent, et après, ça dépend. L’une de mes copines qui avait un nom qui sonnait pas trop français a eu droit à quelques questions sur ses origines. Moi, qui avait un pays arabe sur mon passeport (le Maroc) j’ai eu droit à plein de question sur mon périple marocain de l’année dernière : avec qui j’y étais allé, où j’avais dormi, qu’est-ce que j’allais y faire, etc. Et c’était que le Maroc, j’imagine que si j’étais allé en Iran, ils auraient été plus chiants…
Ce premier niveau s’achève par l’impression d’étiquettes collées sur nos bagages et nos passeports. Une série de chiffres d’apparence aléatoire mais le premier correspond à la « note » qu’ils vous ont attribué, en fonction de l’idée qu’ils se sont fait de vous et de votre position par rapport à Israël :
– 1 : réservé aux citoyens israéliens ;
– 2 : réservé aux citoyens israéliens et aux diplomates étrangers ;
– 3 : c’est bon, vous êtes inoffensifs ;
– 4 : ils ont un doute ;
– 5 : votre gueule leur revient pas ;
– 6 : votre gueule leur revient vraiment pas ;
– 6T : vous êtes considéré comme une menace grave.
Nous avons eu 5.
En soi, je m’en branle, même si ça nous a étonné. La note joue juste sur la suite des contrôles qui vous attendent. Avec un 3, tout se passe comme dans un aéroport normal. Vous sortez vos liquides du sac-à-dos, vous passez au détecteur à métaux, hop, terminé. Notre 5 nous a valu un contrôle un peu plus approfondi où le détecteur à métaux a été passé soigneusement entre chacun de nos sous-vêtements, après avoir sorti tout ce qui pouvait le faire bipper (même les chargeurs, écouteurs…). Ils regardent aussi les livres ou papiers que vous emmenez, apparemment pour vérifier que ce n’est pas de la propagande pro-palestinienne.
Il ne vaut mieux ne pas garder sur soi ce genre de photos du mur…
Même si ça peut être tentant, je vous déconseille donc d’acheter des t-shirts « Free Palestine » ou d’autres conneries du genre lors de votre passage là-bas… Déjà que mon blog est sans doute fiché par le Mossad maintenant que j’ai écrit Free Palestine dans la phrase d’avant !
Quand à ceux qui ont 6 ou 6T, ils peuvent se préparer à un interrogatoire de plusieurs heures, avec inspections des photos, des contacts enregistrés dans le smartphone, voire fouille corporelle…
Dernière info en passant, Israël ne tamponne le passeport ni à l’arrivée ni au départ, ce qui vous évitera des soucis pour visiter la plupart des pays arabes ensuite… Une simple feuille volante, à conserver jusqu’au retour, le remplace.
Le point budget
Le traditionnel point budget : deux semaines à 1.100€ mais en comptant les quelques jours passés en Belgique qui, en ratio coût/temps, pèsent assez lourd au final !
1) Dépenses en Belgique : 250€ dont 100€ en hébergement, 30€ de transport pour y aller (train en prem’s jusqu’à Paris puis IZY, le Thalys low-cost). Et le reste bah…
Les apéros en Belgique pèsent dans le budget final !
2) Dépenses en Jordanie : 500€ dont :
– 70€ pour le vol Bruxelles – Amman
– 150€ de visites/activités, incluant (surtout) le Jordan Pass
– 90€ de transports (location de voiture, essence)
– 90€ d’hébergements
– 100€ en achats divers et surtout à boire et à manger…
3) Dépenses en Israël : 360€ dont :
– 80€ pour le vol Tel-Aviv – Lyon
– 110€ d’hébergements
– 70€ de transports
– 100€ pour le reste : les visites payantes, peu nombreuses, et surtout les repas et les sorties donc.
Les chiffres restent un peu approximatifs mais en proportion, Israël coûte beaucoup plus cher que la Jordanie, car on y a passé que 5 nuits (contre 7 chez le voisin), en faisant pourtant beaucoup moins de trajets, de visites, en préparant plusieurs repas nous-mêmes à l’auberge…