Pas mal la statue du crabe qui dabbe, hein ?
Je sais que vous lisez tous mes articles, et vous savez donc déjà que Kep et Kampot n’étaient pas prévues dans le vague itinéraire que nous avions concocté avant notre départ. Elles ont finalement été intégrées à la surprise générale, tel un Nzonzi dans la liste de Deschamps, pour plusieurs raisons. Déjà parce qu’elles étaient sur la route de toute façon. Ensuite parce qu’en renonçant au détour trop chronophage vers les Cardamomes, il fallait bien trouver autre chose. Enfin, et surtout, parce que tous les gens rencontrés sur place qui étaient sur la fin de leur voyage nous disaient avoir beaucoup apprécié leur passage ici.
Les deux villes sont à une demi-heure l’une de l’autre, mais nous avons surtout passé du temps à Kep. Mais commençons par Kampot. Si vous vous intéressez un minimum à la cusine, vous savez que la ville est célèbre pour…
Ses ronds-points au sommet du kitsch ?
Non, encore qu’elle mériterait de l’être, c’est vrai.
Mais c’est bien pour le poivre de Kampot que la ville est connue des cuisiniers du monde entier. Considéré comme l’un des meilleurs poivres du monde, c’est en tout cas le plus cher. Être ici permet non seulement d’en acheter à un bon prix, mais aussi de visiter les plantations en question.
Sur les conseils du Routard, on visite tout d’abord FarmLink, qui se situe dans la ville-même. C’est une coopérative qui ne produit pas de poivre directement, mais l’achète à une centaine de très petits producteurs locaux. Pas de récolte ici, mais on découvre comment sont triés manuellement et méticuleusement les grains de poivre, puis comment ils les font sécher au soleil. C’est enfin l’occasion de goûter, sachant que le poivre noir n’a pas le même goût ni les mêmes utilisations que le rouge, le vert, le blanc…
Pour voir la partie récolte, direction Sothy’s Pepper Farm, perdue au milieu de la pampa, plutôt en direction de Kep. Une « vraie » ferme pour le coup. L’occasion de voir tout le cycle du début à la faim : comment la récolte se fait sur les poivriers, comment les insectes sont chassés (de manière naturelle car la ferme est entièrement naturelle), en plus une nouvelle fois de la partie tri/séchage/dégustation… Beaucoup de jeunes viennent faire du woofing ici et avec un peu de chance, vous tomberez (comme nous) sur un compatriote et aurez donc droit à cette visite en français.
Beaucoup de gens vous conseilleront de visiter La Plantation, qui est un peu le mastodonte des producteurs de poivre de Kampot. Vous verrez leur produit dans la plupart des magasins. Je suis sûr que la visite est très intéressante également, et leur poivre excellent, mais nous avons préféré visiter une ferme à taille plus humaine (même si Sothy’s est relativement connu et important, mais toutes proportions gardées).
Outre ces ateliers « poivre », Kampot fut également pour nous l’occasion de faire une balade en bateau, une fois encore. Pas de snorkeling à l’horizon cette fois : on se contente de remonter la rivière pendant que le soleil se couche, pour admirer des centaines de lucioles dans les arbres une fois la nuit tombée. Spectacle sympathique même s’il se concentre sur une zone très précise (je m’attendais à voir quasiment une forêt envahie par les lucioles, de la façon dont on nous l’a vendu). Bon, pour 5$ la sortie avec une noix de coco incluse, pas de regret.
Je vous épargne mes photos nocturnes des lucioles…
On reste dans la bouffe, mais Kep, située en bord de mer, est de son côté célèbre pour…
Ses ronds-points ?
Toujours pas, même si en effet le mauvais goût semble contagieux dans le coin…
Non, pour son marché aux crabes ! Les pêcheurs se régalent ici et chaque matin, ils amènent leurs prises du jour au marché où se retrouvent à la fois les locaux, particuliers comme restaurateurs, et quelques touristes. Il est possible d’acheter son crabe (vivant donc) sur le marché et de le faire cuire par des cuisinières qui sont là pour ça. L’expérience est sympa, on a hésité à le faire, mais on a finalement préféré le confort d’un restaurant pour en prendre un tout prêt. Sans regret (voir plus bas).
A deux pas de la ville, une petite rando dans le parc national de Kep s’impose pour digérer. La boucle de 8 kilomètres est sympathique même si l’altitude maximale de… 286 mètres fera sans doute sourire beaucoup de monde, à commencer par ma travelmate qui a fait le Tour du Mont-Blanc quelques mois plus tôt.
La vue pourrait être pas mal… en taillant les arbres !
Toujours dans les environs, nous avons profité des services du tuk-tuk nous ayant emmené chez Sothy pour visiter les grottes de Phnom Kampong, intéressantes même si elles étaient prises par une sorte de tournage de film ce jour-là.
Ou encore les marais salants au sud de la ville. Comme le poivre, le sel de la région est considéré comme excellent par les professionnels. Mais contrairement au poivre, ce sel s’exporte très mal car s’il n’y a pas de débat sur son goût, on lui reproche de ne pas être suffisamment blanc. Les standards occidentaux accordent beaucoup d’importance à l’apparence hélas…
Kep reste enfin une petite station balnéaire, nettement plus agréable que Sihanoukville. Ce qui veut dire qu’après deux semaines à crapahuter partout, et avant notre ultime journée à Phnom Penh, un peu de chill dans les hamacs publics (!) ou sur la sympathique plage est au programme !
Les bonnes adresses :
– Kimly (Kep) : parmi les nombreux restaurants proches du marché aux crabes, celui-ci est une institution, conseillée par tous les guides papiers, remarquablement bien classé sur les sites d’avis en ligne, etc. La spécialité du coin est bien sûr le crabe et plus précisément le crabe au poivre vert (le poivre de Kampot, si vous avez bien suivi). La carte est fournie pour ceux qui voudraient autre chose, mais nous sommes restées sur cette soi-disant valeur sûre… dont la réputation est méritée ! Seul regret, on a pris un gros pour deux, peut-être qu’il vaut mieux prendre un petit chacun, ça revient à peine plus cher et c’est plus joliment présenté !
– Ta Eng Guesthouse (Kampot) : notre hôtel de Kampot sera un des meilleurs du séjour, même si celui de Kep (Auberge de la plage) à 200 mètres de la… plage, d’où son nom, était très bien aussi. A Kampot, Ta Eng est tenue par un papy chinois qui parlait un petit peu le français, très sympathique, très paternel aussi, qui nous a parlé un peu de la région et accessoirement nous a demandé de rentrer avant minuit car il ferme le portail après. Si l’on n’a pas de problème avec ce couvre-feu (la ville n’est pas particulièrement festive de toute façon), alors l’adresse est parfaite !