Passer deux semaines au Cambodge sans aller voir les temples d’Angkor ? Personne ne fait ça, et je n’ai pas fait exception ! Avec plus d’un million de visiteurs chaque année, il s’agit – largement – du site le plus visité du pays. Autant que vous soyez prévenus, cet article va surtout être un inventaire à la Prévert des temples que j’ai vus et je vais essayer d’aller à l’essentiel, mais gardez à l’esprit que n’importe lequel d’entre eux remplit au moins une page d’un guide papier – ou une page wikipedia !
Pour commencer, Angkor se situe dans le nord-ouest du pays, juste à côté de la ville de Siem Reap, facile d’accès y compris pour ceux qui viendraient de la Thaïlande voisine. Ancienne capitale de l’empire khmer, les temples qui s’y trouvent datent d’une période assez large qui va du 9ème au 15ème siècle. Pour ceux que ces temps anciens n’inspireraient pas trop, le site d’Angkor a aussi accueilli plusieurs tournages de films, le plus connu étant sans doute Tomb Raider en 2001. De quoi compléter accessoirement ma liste de sites aperçus au cinéma !
Côté pratique, la billetterie propose trois formules : un, trois ou sept jours. Un, c’est clairement trop peu, à moins d’être de passage express dans le pays. Nous l’avons fait sur deux jours (avec un billet « trois jours » donc) et ça m’a paru suffisant, mais ceux qui ne veulent pas se lever aux aurores ou aller trop vite le font généralement en trois jours. Sept, ça me paraît beaucoup, à moins d’être un vrai passionné !
Le premier jour fut consacré à ce qui est communément appelé le « petit circuit ». Une boucle assez courte – d’où son nom – de 23 kilomètres, qui peut se faire en vélo, qui est souvent au programme des voyages organisés par les tour-operators, et qui comprend les temples les plus célèbres et emblématiques. Passage en revue de ce jour 1, celui qu’on retient.
On commence par le lever de soleil sur Angkor Wat. Ça nécessite de se lever tôt et encore, on sera loin d’être seuls au monde. Impossible d’avoir une photo sans personne dessus, tant pis, ça n’empêche pas de profiter du spectacle des tours se reflétant dans l’étang.
Certes, quelques voyagistes proposent d’assister à ce lever de soleil, mais globalement il n’y a a encore que des voyageurs individuels comme nous en arrivant si tôt. On en profite donc pour visiter directement Angkor Wat, le plus grand de tous, et celui où il peut facilement y avoir beaucoup d’attente. Surtout pour monter dans le sanctuaire central, au sommet d’escaliers étroits dont l’accès est contrôlé pour éviter qu’il y ait trop de monde en même temps.
Quand nous sortons de ce premier temple, les cars de touristes commencent déjà à arriver… On file à notre deuxième arrêt du jour, le Ta Prohm. El famoso temple de Tomb Raider, au passage ! Le temple semble complètement abandonné. Il avait été retrouvé comme ça, et ils ont récemment fait des travaux pour le « maintenir en état d’abandon apparent ». Ca ne s’invente pas. Il est envahi par des fromagers : pas des mecs qui vendent du Bleu d’Auvergne, non, mais des grands arbres aux racines qui s’incrustent dans la pierre.
Je passe rapidement sur Ta Nei, Banteay Kdei… plus dispensables de cette partie du parcours. Vient ensuite Ta Keo, qui n’a lui non plus pas d’intérêt particulier. Vu de l’extérieur il n’est pas mal avec ses cinq tours, mais rien d’intéressant à voir à l’intérieur…
On finit par Angkor Thom, une grande cité royale qui comprend plusieurs temples et d’autres bâtiments. Le Baphuon, assez élevé avec sa forme pyramidale, permet d’avoir une belle vue de la cité d’en haut, mais est aussi célèbre pour son immense représentation d’un bouddha couché dans le mur de la face arrière.
A proximité, le Bayon est pour sa part plus connu pour ses fresques, qui évoquent des évènements passés de la cité. Les différentes tours comptent chacune quatre visages : un sur chaque face. Si de l’extérieur il peut sembler sans intérêt, c’est sans doute celui qui mérite le plus d’être regardé de très près. Accessoirement celui où un guide peut être d’une aide précieuse pour remarquer tous les détails ou savoir à quoi ils correspondent.
Arrive le deuxième jour, et ça continue, Angkor et Angkor. Hier c’était que le début, d’accord, d’accord. Nous faisons cette fois le « grand circuit », une boucle plus grande, mais où les temples sont plus dispersés, moins bien conservés, et où il y a moins de monde. Tout cela rend nos visites plus rapides, et nous aurons le temps d’enchaîner sur un des nombreux temples « hors circuits ».
Mais dans l’ordre, la journée commence par Pré Rup. C’est encore une fois un « temple-montagne« , ce qui veut dire qu’on peut grimper au sommet et avoir une jolie vue. Dans l’ensemble, il est moins bien préservé que ceux qu’on a vu la veille, mais globalement ce sera une caractéristique de tous les temples du grand circuit.
Arrive ensuite le Mebon oriental, à l’origine construit sur une île, ce qui demande un peu d’imagination aujourd’hui. Construit autour de 953 (peu avant le Pre Rup), il s’agit de l’un des plus anciens.
Ta Som est un temple qu’il vaut mieux ne pas énerver, sinon, il t’assomme.
C’est nul.
Pardon. Je m’en tiens à l’histoire, rien que l’histoire. Bien qu’il s’agisse du plus récent des temples du grand circuit, c’est aussi un des moins bien préservés. Une curiosité : l’une de ses portes (à l’est) est totalement prisonnière d’un fromager – encore lui ! Il est grand mais tellement en ruines qu’on en fait le tour rapidement.
Neak Pean est pour sa part original : c’est un minuscule édifice construit au milieu d’un grand bassin, lui-même entouré de quatre plus petits. On y accède par une sorte de passerelle qui fend un étang en deux. Une pause aquatique que j’ai apprécié car si on en fait rapidement le tour, il ne ressemble vraiment à aucun des autres.
Enfin, Preah Khan est lui aussi récent (fin du 12ème siècle, approximativement la même époque que le Neak Pean) mais bien mieux préservé. On peut le qualifier de « star » du grand circuit. Il ressemble plutôt à un grand complexe qui abriterait plusieurs bâtiments : un palais en son centre et plusieurs annexes qui servaient pour certains de bibliothèques, de cloître, de salle de danse, de sanctuaires. En prime, pas mal de sculptures et de bas-reliefs ici et là.
Une fois ce grand circuit achevé, le tuk-tuk nous amène bien plus au nord, au Banteay Srei. Le site est assez intéressant, il est vaste, il y a beaucoup de détails sculptés sur les bas-reliefs, et globalement mieux préservé que la moyenne bien qu’il ait été découvert très tardivement. Pour la petite anecdote historique, c’est ici que notre compatriote André Malraux s’est fait choper en pleine séance de pillage…
Là-dessus s’achève notre visite d’Angkor ! Mais pas encore notre journée car sur le chemin du retour, nous demandons à notre chauffeur de faire un passage par un atelier de fabrication de kramas.
Un krama, c’est une sorte de foulard typique du Cambodge, plutôt porté en écharpe mais qui peut aussi être utilisé comme porte-bébé, coiffe… Il est (normalement) tissé entièrement à la main, comme c’est le cas dans cet atelier. L’idéal est bien sûr d’aller sur place mais pour ceux qui voudraient voir à quoi ça ressemble, je ne peux que conseiller l’excellente site www.kramakrama.com… puisque les kramas qu’il vend sont précisément fabriqués dans l’atelier que j’ai visité !
Cela m’a permis de voir que les employés semblaient avoir de bonnes conditions de travail, contrairement peut-être à ceux qui travaillent pour des grandes chaînes de magasins qu’on ne citera pas, qui arrivent à vendre leurs kramas 5€ moins chers, mais à quel prix…
Voilà pour Siem Reap. Outre les temples et les kramas, je ne m’étends pas particulièrement sur la ville elle-même. Comme je l’ai déjà dit, le coin est très touristique, et « l’offre » commerciale en tout genre est là pour répondre à la demande. On y trouve des restaurants plutôt occidentaux qui ne m’auront pas marqué, un marché où tout est plus cher qu’ailleurs (y compris qu’à Phnom Penh), ce n’est pas ici que je vous conseille d’acheter des souvenirs. Certes la Pub Street est un endroit animé en soirée, pour le meilleur et pour le pire ; disons que ce n’est pas forcément le genre d’ambiance que je suis venu chercher au Cambodge mais peut-être que certains aiment ?
Ah, et on a quand même profité de notre dernière soirée sur place pour tester le massage khmer… Là aussi sans doute un peu plus cher qu’ailleurs, mais ça fait du bien au dos après deux jours à arpenter des temples non-stop !
Mon ressenti : Angkor est évidemment un site formidable, qui mériterait sans doute de figurer parmi les 7 nouvelles merveilles du monde – il faisait d’ailleurs partie de la short-list de 20 sites mais n’a pas été retenu au final. C’est évidemment au-dessus de tout ce que j’ai pu visiter d’autre au Cambodge mais, il y a un mais, au niveau « rythme », je peux comprendre ceux qui restent ici une semaine et vont visiter les temples de temps en temps, en alternant avec des jours off de détente au lac Tonlé Sap ou de balade en ville par exemple. Parcourir les temples sous le soleil de plomb et au milieu des touristes est particulièrement fatigant et je pense que l’accumulation fait que j’ai moins apprécié la seconde journée que la première. Alors, ceux qui ont le temps… Et bien vous avez raison de le prendre ! Et si à l’inverse vous n’avez qu’un jour, voyez peut-être pour faire un mix personnalisé entre petit et grand circuit, car si Angkor Wat est incontournable, c’est dommage de faire l’impasse sur Preah Khan et Neak Pean, mes deux chouchous du grand parcours.
Les bonnes adresses :
– Sweet Dreams Guesthouse : sur l’hébergement comme sur la restauration, Siem Reap est assez touristique et donc chère par rapport au reste du pays (le littoral excepté puisque c’est pire…). Dans ces conditions, le petit Sweet Dreams est un bon choix, pas trop loin du centre ni de la gare routière, et où nous n’avons payé que 30€ les trois nuits pour deux, dans une chambre très correcte. Petit bonus : l’hôtel juste en face (un poil plus onéreux) appartient visiblement au même proprio ; en tout cas, on a le droit d’utiliser leur piscine sans problème !
– Vung (chauffeur de tuk-tuk) : à peine arriverez-vous à la gare routière que les tuk-tuk se livreront leur petite bataille habituelle pour vous amener jusqu’à votre hôtel, mais aussi pour vous faire visiter les temples. Certains sont sans doute très bien et d’autres moins ; en tout cas, nous avions réservé en avance et à un tarif « normal » avec Vung qui a l’avantage d’être francophone. S’il ne remplace pas un guide (qui est plus cher et que nous n’avons pas pris), il nous donnait quand même quelques informations sur chaque temple avant que nous n’allions le visiter, nous disait quoi regarder en priorité, et au besoin se montre très flexible sur le programme (comme lorsque nous lui avons demandé de passer par l’atelier de fabrication de kramas). Je ne peux que conseiller aux futurs visiteurs d’Angkor de le contacter sur Facebook pour réserver leur tour avec lui !
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