Séisme et Tsunami en Kanaky

Dans le genre titre putaclic, je crois qu’on est bien là.

Vous vous attendez à des photos d’arbres déracinés, d’habitants réfugiés sur leur toit, de supermarchés inondés et pillés, de bébés abandonnés qui pleurent et de chiens qui hurlent à la mort ?

Reprenons du début. Je vous avais quitté à Koné (pas l’ascenseur), au tout début de la Province Nord et étant parti pour faire le « grand » tour de la Grande-Terre, je suis monté faire une étape à Koumac, deuxième grande ville du nord, et dernière étape avant de basculer sur une côte est plus humide, plus « sauvage ». L’occasion de profiter une dernière fois d’un hébergement confortable, d’un vrai resto (voir plus bas), d’une belle plage.

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La principale activité des environs : les grottes de Koumac. Il y en a deux ; la première, la petite grotte des vents, est facile d’accès et vite vue. La seconde, la grande grotte, est plus intéressante. Rejoindre l’entrée nécessite déjà une petite séance d’escalade. La grotte est ensuite plus grande (d’où son nom) et vite complètement sombre : emporter une frontale est indispensable !

Vient ensuite le temps de rejoindre la côte est. Il existe en tout cinq routes dites « transversales » entre les deux côtes, qui n’ont pas d’intérêt particulier si ce n’est celui d’offrir des beaux paysages.

Beaucoup de touristes font une « petite boucle » en prenant la route entre Koné et Touho à l’aller ; et entre Houaïlou et Bourail OU entre Canala et La Foa au retour. J’ai pour ma part prévu de faire le grand circuit, donc Koumac-Pouébo à l’aller et Thio-Bouloupari au retour. Une petite carte made-in-Paint si ça peut vous aider à piger ce que je raconte :

Noumea 41Quel talent, je sais. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.

Après avoir passé Pouébo arrive l’une des principales curiosités de la région : le bac de la Ouaïème. Rien à voir avec les épreuves du bac que les lycéens néo-calédoniens passent cette semaine-là, en décembre. Il s’agit du dernier bac en service sur l’île. Il fonctionne jour et nuit, 7 jours sur 7, est gratuit, et est l’unique solution pour traverser le fleuve Ouaïème, d’où son nom.

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Pour les kanaks, le lieu est sacré : c’est ici que les ancêtres morts viendraient se réincarner en poissons. C’est la raison pour laquelle il est impossible d’y construire un pont, car ça empêcherait le passage des âmes… On y croit ou pas, mais le passage du bac a un certain charme. Il donne le temps d’admirer le paysage autour, l’embouchure du fleuve. Lorsque les conditions sont défavorables (vent fort, gros camion qui fait pencher le bac…) c’est aussi une expérience à sensations d’après certains récits ! Mais pour ma part, ce fut très calme. Jusque-là.

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Puis j’arrive donc sur Hienghène où, n’ayant pas réservé d’hébergement, je me rends à l’office de tourisme pour voir s’il y a moyen de manger et surtout dormir en tribu. Une expérience à vivre, chaudement recommandée par les guides ou les blogueurs qui ont essayé ! Sauf que. Une espèce de sirène de pompiers retentit à ce moment-là. La dame de l’accueil est formelle : il y a eu un tremblement de terre, et nous sommes en alerte tsunami ! Elle me demande d’où je viens, si j’ai repéré le « promontoire du sphinx », je lui dis que oui, m’y étant même arrêté. Elle me dit d’y retourner car c’est « assez haut ». Bon. Me voici donc, comme beaucoup d’autres automobilistes ainsi que les élèves du collège situé un peu en contrebas, au promontoire du sphinx, écoutant la radio pour savoir ce qu’il se passe.

N’étant pas en Égypte, il y a des chances que le sphinx vous ait intrigué à la lecture : pourquoi ce nom ? Parce qu’il permet d’observer ceci :

Noumea 43 AG©Flickr d’Antoine Gid (ça fera une photo ensoleillée dans l’article…)

Hienghène compte en effet plusieurs formations rocheuses importantes. Il faut un peu d’imagination pour voir le sphinx ; il en faut beaucoup moins pour l’autre star du lieu, au sud de la ville : j’ai nommé la poule.

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Entre les deux, on trouve les falaises de Lindéralique. L’idéal pour les observer…

Euh… C’est tout ?

Quoi, c’est tout ?

Le séisme, le tsunami, tout ça ! Tu balances qu’il y a eu des catastrophes naturelles, et après t’enchaînes sur un rocher en forme de poule et des falaises à la con ?

Ah oui ! C’est vrai que j’ai zappé cette partie-là… Mais c’est aussi parce qu’en vrai, il s’est rien passé. Le séisme a eu lieu au milieu de la mer, entre la côte est et les îles Loyauté. Certains l’ont un peu senti (un peu plus au sud) mais rien de méchant. Quand à l’alerte tsunami, elle a été déclenchée sur toute l’île, puis seulement sur la côte est, par précaution… mais il n’y a rien eu non plus. Le vent soufflait certes assez fort et les vagues étaient plus agitées que d’habitude, la météo a été dégueulasse durant les deux jours qui ont suivi, mais ça s’arrête là. Par contre, le temps que l’alerte soit levée, la nuit était tombée. Adieu mes espoirs de dodo en tribu, je me suis installé au camping de Babou… à quelques mètres de la mer.

Exif_JPEG_420Heureusement qu’il n’y a pas eu de tsunami en pleine nuit…

Pas de réel tsunami au final donc, sinon je ne serais pas là pour écrire cet article. Déçus ? C’est légitime !

Ma visite de la côte est a donc été un peu gâchée par les deux jours de pluie qui ont suivi, qui m’ont interdit de longues randos qui sont déconseillées voire inaccessibles dans ces conditions, tout comme l’excursion sur l’îlot Hiengha. Le chemin qui mène à la cascade de Tao dans le Mont Panié par exemple était fermé, j’ai du me contenter de la voir du bord de la route.

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La cascade de Ba, dans les alentours de Houailou, est plutôt sympa aussi.

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Sur le bord des routes, on trouve pas mal de vendeurs de fruits (et surtout des excellents litchis de la région !) mais aussi une petite curiosité : les boîtes aux lettres. Ici la boîte normalisée est l’exception, et la plupart des kanaks ont fait preuve d’imagination…

Exif_JPEG_420Un bel exemple de recyclage…

Les villes n’ont pour leur part pas vraiment d’intérêt (Poindimié, Touho…). Le centre culturel de Hienghène aurait pu être une visite sympa, mais il était fermé temporairement aussi. Les activités en tribu sont impossibles à organiser le jour-même. Bref, ma visite sur la côte est ne me laissera pas de souvenir impérissable, d’autant qu’elle s’est achevée par un ultime échec. Vous vous souvenez que j’envisageais de prendre initialement la route transversale entre Thio et Boulouparis. Cela impliquait de prendre la route à horaires entre Canala et Thio : une portion de treize kilomètres particulièrement étroite et sinueuse, qu’on ne peut emprunter que dans un sens ou dans l’autre selon que l’on est aux heures paires ou impaires !

Une drôle d’expérience, sauf que… la route était tellement boueuse sous la pluie battante que la voiture commençait à déraper dès le début du parcours. Bref, j’ai vite fait marche arrière pour ne pas prendre de risque et aller chercher la transversale plus « safe » entre Canala et La Foa. Et j’ai quand même eu l’occasion de traverser, dans les environs de Poro, des paysages lunaires au milieu des immenses carrières de minerai de nickel :

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La province nord a son charme, je suis sans doute passé un peu à côté. Une bonne raison pour revenir ?

La bonne adresse :

Passiflore (Koumac) : le seul restaurant que j’ai testé durant ces trois-quatre jours était pas mal du tout, surtout pour dire qu’il n’a que très peu de concurrence dans les environs. Mais peut-être aussi qu’on l’apprécie obligatoirement après deux jours à manger des pâtes en auberge de jeunesse, et avant deux jours à manger des repas froids au camping.

Et tant qu’on est à Koumac, j’hésite à mettre mon hébergement dans les bonnes adresses parce que la nuit était quand même pas donnée… mais la piscine privative était quand même bien agréable, c’était la petite folie raisonnable du séjour :

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Prochain article, qui sera le dernier de la série (alors que le récit du Cambodge attend déjà son tour) : les dernières petites péripéties du retour, le bref passage par l’Australie, et le point généralités/budget/etc !

Une réflexion sur “Séisme et Tsunami en Kanaky

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