Difficile de passer après l’île des pins. Pourtant, la côte ouest aura réussi à faire presque aussi bien, et les environs de Bourail seront finalement mon deuxième coup de cœur en Nouvelle-Calédonie !
J’écrivais il y a quelques mois, dans un article sur mon trip au Maroc, que le trek de trois jours dans le désert était potentiellement la meilleure activité que j’ai vécue dans tous mes voyages confondus. Je crois que nous avons un challenger sérieux et même, soyons fous, un nouveau lauréat, puisque j’ai profité de mon passage à Poé pour m’offrir un baptême en ULM !
Pour la peine, le DAB méritait bien de faire son retour !
Pour une fois, être seul est un avantage car les avions sont des petits biplaces et l’activité n’est donc possible qu’en solo. A plusieurs il faut réserver deux avions qui se suivent ou des créneaux consécutifs, mais ceux qui volent pas attendent…
Deux formules de vol sont proposées : une demi-heure ou une heure. Tant qu’à faire j’ai pris l’heure complète, ce qui permet d’avoir un bel aperçu de l’ensemble du lagon : le domaine de Déva, le lagon lenticulé, la baie des tortues, la baie des amoureux, l’île verte, et bien sûr la barrière de corail. Avec de bons yeux (et l’aide du pilote plus observateur que moi), on aperçoit des raies manta ou des requins dans l’eau, au milieu des cinquantes nuances de bleu qui nous accompagnent au cours de cette heure.
MAIS pour être franc, voler en ULM sur le site de Poé n’était pas mon premier choix. Je pensais initialement faire cette activité un peu plus au nord, à Koné, où se trouve le célèbre cœur de Voh immortalisé par Yann Arthus-Bertrand :
La célèbre photo de @Yann Arthus-Bertrand dans « la Terre vue du ciel » !
Plusieurs choses m’ont fait envie : déjà, le premier prestataire contacté (hôtel Hibiscus) n’avait pas de disponibilités… sauf en prenant un package avec nuitée et repas à l’hôtel-partenaire en question, qui n’est pas donné. Le deuxième, Cap ULM, m’a fortement incité à choisir Poé… Et même si je ne sais toujours pas pourquoi, je me suis laissé influencer. Enfin les quelques accidents dramatiques qu’il y a eu dans le pays sont tous arrivés du côté de Koné, et certains kanaks l’attribue aux propriétés mystiques du cœur de Voh. Mon esprit cartésien se dit qu’il y a sans doute beaucoup plus d’ULM à Koné qu’à Poé, à cause de la célébrité du site justement, et que la statistique ne fait que respecter la probabilité. Bref, les deux options sont sans doute excellentes, mais peut-on décemment regretter d’avoir survolé ça ?
Cela étant, je voulais quand même apercevoir el famoso cœur de Voh, et si possible sans avoir à casser mon PEA pour m’offrir un second vol en deux jours. La solution semblait être d’entreprendre la montée du mont Kathépaïk. La rando se passe à la sortie de Koné, c’est une montée douce mais sans un pet d’ombre et le paysage n’est pas particulièrement spectaculaire… Jusqu’à ce qu’on arrive à la petite plateforme d’observation qui a été aménagée pour observer la star du lieu.
Et là, c’est joli, OK, mais il est où alors ce fameux cœur ? Regardez mieux :
Il faut vraiment savoir qu’il est là… Et on est bien loin des fameuses photos prises en hélicoptère ou en ULM !
©Céline, voyageuse rencontrée sur l’île des pins, qui elle avait choisi l’ULM à Koné !
Si cette balade ne restera pas dans les annales ; j’ai pu en faire deux plus sympathiques dans les alentours de Poé. La première était dans le domaine de Deva. Une réserve naturelle de 8.000 hectares qui abrite la plus grande forêt sèche de l’île… ainsi que le Sheraton, un immense complexe hôtelier haut-de-gamme. On le voit bien depuis les airs d’ailleurs :
Mais le domaine dans son ensemble est ouvert au public, depuis cinq ans seulement. Outre les sympathiques plages et les activités proposées par le Sheraton (comme le golf…), on y trouve surtout beaucoup de chemins ouverts à la randonnée pédestre, ou équestre, ainsi qu’aux VTT. Les sentiers sont de différentes longueurs selon votre niveau et le temps dont vous disposez. J’étais ambitieux au départ mais le temps perdu (avec la noyade de mon téléphone et le passage à l’Apple Store de Noumea) m’a obligé à revoir mes plans et à me contenter du sentier du Oua Koué, l’un des plus courts (5,5 kilomètres, 324 mètres de dénivelé) et des plus proches de l’entrée. Agréable quand même !
Ma seconde activité pédestre dans la région m’a amené au sentier des trois baies. Petite balade sur un chemin qui, comme son nom l’indique – pas de piège sur ce coup-là – relie trois baies entre eux. Pas très long mais pas mal de dénivelé, entre chaque baie on monte beaucoup pour redescendre, ce qui permet d’alterner jolis points de vue et moments propices à la baignade. En revanche on est, pour une fois, à l’ombre la majeure partie du temps. Appréciable.
Le tout démarre à la baie de la Roche Percée. Pas la plus belle, mais celle depuis laquelle on a un point de vue sur une curiosité géologique locale, le Bonhomme de Bourail.
Il existe un promontoire « officiel » qui offre une encore meilleure vue, mais il a été condamné pour des raisons de sécurité… On s’en remettra et on embraye sur la baie des tortues. Une jolie plage, un mini jardin botanique à proximité, et pour les plus chanceux (et qui y sont à la bonne saison), des tortues qui viennent pondre ici.
Enfin la baie des amoureux dont le nom provient… Il y a deux versions. Une belle histoire qui met en scène deux amoureux de tribus rivales, les Roméo et Juliette kanak en somme. Et une plus classique qui veut que la baie soit simplement bien cachée des regards extérieurs, et permette aux couples d’avoir un peu d’intimité dans un cadre idyllique. Choisissez votre camp !
Les trois dernières photos sont d’Amandine Laudet une nouvelle fois !
Laissons la nature de côté pour faire un peu de place à la seule visite culturelle de cette partie du séjour, j’ai nommé Fort Teramba. Un ancien bagne, une fois de plus, mais celui-ci avait été réaménagé pour servir aussi de refuge après l’insurrection kanak de 1878. La visite en soi n’est pas indispensable, mais c’est l’un des seuls endroits du Caillou où cette période, encore un peu tabou aujourd’hui, est évoquée.
Outre le fort, les randos, l’ULM, j’ai eu le temps de profiter de 17 kilomètres de plage bien sûr, mais aussi de faire une dernière activité sympa : le bateau à fond de verre. C’est une sortie aquatique qui dure deux heures et qui permet de voir des tortues ou la barrière de corail à travers le fond du bateau, de manière nette. Une bonne façon de voir la faune aquatique pour ceux qui ne savent pas nager, comme moi !
La sortie a des horaires variables puisqu’elle ne peut se faire qu’à marée basse. Elle inclut les explications de notre sympathique guide-pilote qui en connaît un rayon, mais aussi un parcours PMT d’une petite demi-heure environ pour ceux qui veulent voir les coraux d’encore plus près. Avec la possibilité de rester sur le bateau et de bronzer/cramer (rayez la mention inutile) pour les autres.
Au final, et même si ce fut au tout début de mon séjour à Poé que mon portable prit l’eau et rendit l’âme, je garde un très bon souvenir de cette côte ouest. Sans égaler la paradisiaque île des pins, c’est sans conteste la deuxième meilleure partie de ce voyage. Il me reste pourtant à vous racontez mon périple sur la côte est, dont j’attendais beaucoup. Mais ATTENTION SPOILER il a été un petit peu terni par des conditions météo très défavorables, qui englobent des grosses averses, un petit séisme et une alerte tsunami. Je vous vends du rêve hein ?
La bonne adresse :
– Auberge de Poé : sans doute mon coup de coeur « hébergement » du séjour. Quoique le deuxième Airbnb de Noumea avec le manguier dans le jardin était pas mal non plus. Mais l’auberge de Poé propose des dortoirs, des chambres privatives ou un grand terrain de camping. Les dortoirs proposent un bon rapport qualité-prix à environ 24€/nuit dans un dortoir de quatre, surtout que ce ne sont que des lits simples : pas de lits superposés ! La cuisine est immense comme la salle commune, la plage est à 20 mètres du portail, et le top est surtout que l’établissement prête gratuitement des kayaks ou des paddles pour ceux qui voudraient en profiter !
Une réflexion sur “Entre Poé et Koné”