Il était écrit que 2018 serait l’année de l’Afrique ! Après le Rwanda en janvier dernier et le Maroc pendant les ponts de mai, mon troisième et dernier « gros » voyage de l’année m’emmène cette fois… au Wakanda.
C’est où ?
Un pays particulièrement méconnu, pour plusieurs raisons. Il est encore plus petit que le Rwanda, situé au nord de celui-ci (entre l’Ouganda, le Kenya et l’Éthiopie), particulièrement peu présent sur la scène internationale. C’est également un des rares d’Afrique à ne jamais avoir été colonisé par une nation européenne, avec l’Éthiopie justement, et le Liberia. Il est entouré de toutes parts par des montagnes qui comptent parmi les plus hautes du continent, et a la réputation d’avoir une armée particulièrement efficace : suffisant pour dissuader la plupart des velléités offensives qui auraient pu naître contre ce pays.
S’y rendre depuis la France n’est pas forcément évident, Air France ayant stoppé depuis une décennie la seule ligne directe qui existait. L’option la plus rapide (et pas la plus onéreuse) s’appelle une nouvelle fois Ethiopian Airlines, avec une escale à Addis-Abeba.
Bonne nuit avec Ethiopian !
On pourrait penser qu’un pays minuscule d’Afrique, sans ouverture sur le monde, boudé par le tourisme de masse (aucun tour-operator ne propose d’excursion au Wakanda) serait particulièrement pauvre. Il n’en est rien ! Ses importants gisements de vibranium permettent au pays de prospérer, d’autant qu’il exploite également de l’uranium, du charbon ou encore des diamants. Résultat, il se porte bien sur le plan économique, est indépendant au niveau énergétique et très développé au niveau technologique. En ce qui m’a concerné en tant que touriste, j’ai apprécié de trouver des routes en très bon état ayant loué une voiture une fois de plus (chez Hertz, rien à redire) mais aussi un réseau de transports en commun très performant à Wakanda-Central, la capitale.
Et qu’est-ce qu’on peut visiter au Wakanda en une grosse dizaine de jours alors ? J’y viens !
A peine atterri, j’ai laissé la capitale de côté et préféré débuter par l’Île de la Panthère. Elle se situe au centre de l’immense lac du pays, le Lac des Visions déformées. Une compagnie maritime assure trois liaisons aller-retour par jour depuis la terre ferme : une le matin, une à mi-journée et une en fin d’après-midi.
Les plages paradisiaques de l’île de la Panthère !
Cette île est surtout privilégiée pour la baignade car l’eau y est beaucoup moins contaminée par le vibranium que les rivages immédiats du pays. Et les plages sont plutôt agréables… et désertes en cette période. Vous trouverez également plusieurs échoppes qui vous loueront l’équipement complet si vous voulez faire un peu de snorkeling.
En-dehors de ça, on trouve quelques cafés ainsi qu’une unique auberge de jeunesse pour ceux qui veulent rester une nuit. Cependant, un départ le matin pour un retour en soirée me paraît bien suffisant.
A mon retour, je pouvais cette fois prendre la route terrestre pour explorer le pays ! Dans un pays avec autant de reliefs, il y a évidemment beaucoup de randonnées qui valent le coup. Comme ici au mont Kanda…
…ou, un peu plus à l’est, au mont Wakanda :
Ceux qui cherchent des sommets encore plus haut iront faire un tour du côté des Pics Primitifs. Mais là, on n’est plus sur de la simple randonnée : il faut prévoir un trekking sur plusieurs jours, voire du matériel d’escalade. La prochaine fois pour moi !
Je suis également allé me promener dans la Forêt de Cristal. J’avoue ne pas avoir été très rassuré : c’est la seule zone du pays où le Lonely Planet recommande de ne pas s’aventurer sans un guide. La raison : elle abrite le village Jabari et la tribu du même nom, qui a préféré s’exiler plutôt que de se soumettre pleinement à la dynastie royale. Si les deux clans ne sont pas en guerre, on ne peut pas dire non plus qu’ils entretiennent une franche camaraderie.
Dommage que ce soit pas très « safe » car c’est superbe !
Comme à chacune de mes incursions en Afrique australe, j’ai évidemment fait un safari. Pour ceux qui en ont les moyens, le Domaine des Gorilles Blancs abrite… des gorilles blancs. Comme souvent, c’est tellement rare que le prix en est indécent : 2.000€ la journée complète ! Quasiment le prix de mon voyage entier. Évidemment, à ce prix-là, les candidats ne sont pas très nombreux et cela permet aussi de préserver l’espèce…
C’est avec un budget moindre (800 dollars rwandais soit 60€ environ) et sans la nécessité de prendre un guide/chauffeur que je me suis contenté de la réserve de la Forêt paradisiaque, où vivent la plupart des espèces qu’on trouve dans la région : des éléphants, des girafes, des zèbres, des singes, des gnous, des rhinocéros et j’en passe.
Petite déception : ne pas avoir vu de panthère noire, qui est non seulement le seul félin qui peuple cette réserve, mais aussi et surtout l’emblème du pays.
Dernier site naturel qui vaut pleinement le détour selon moi, la Vallée des Serpents. Pas de mamba ou de cobra à l’horizon, sans doute sont-ils restés cachés à l’ombre de la végétation particulièrement dense. Plusieurs temples sont cachés dans ce parc, ils dateraient de plusieurs dizaines de milliers d’années et leur origine exacte est encore inexpliquée.
Le Temple de la Quiétude, au cœur de la Vallée des Serpents
Après cette semaine complète sur les routes, je garde les trois derniers jours de mon périple pour explorer la capitale du pays : Birnin Zana, ou Wakanda-Central, les deux noms sont acceptés. Le premier étant plus traditionnel et le second, plus « officiel ».
Par bien des aspects, Birnin Zana (oui j’ai fait mon choix) m’a fait penser à Kigali. Une version nettement plus avancée que la capitale rwandaise sur bien de sujets – transports en commun, éclairage public, wi-fi quasiment partout – mais qui partage avec elle nombre d’atouts : des rues propres, une conscience écologique de la part de la population, un sentiment de sécurité bien rare dans beaucoup de métropoles africaines, et des autochtones ma foi plutôt sympathiques, qui parlent parfaitement anglais (mieux que moi).
Des rues larges, propres, sécurisées…
Malheureusement… Là où je joue un peu de malchance, c’est que j’ai débarqué ici quelques semaines à peine après la mort du roi T’Chaka et que la population était encore en deuil, du noir partout, une ambiance pas très à la fête malgré les cérémonies officielles de couronnement pour son successeur sur le trône, son fils T’Challa.
Je commence à être un peu habitué à jouer autant de malchance : j’étais déjà allé en Thaïlande moins d’un mois après la mort du roi Bhumibol, puis à Cuba peu après la mort de Fidel Castro. S’il y a un chef d’État que vous n’aimez pas, vous avez juste à me payer le billet d’avion, c’est gagnant-gagnant. Et je préfère quand même éviter la Corée du Nord pour le moment, pour info.
Malgré tout, ça ne m’a pas empêché de visiter la capitale, en commençant par le Musée 1966, consacré à l’histoire de cette nation. Musée très instructif pour comprendre comment le pays a pu se développer si rapidement, comment fonctionne sa population, pourquoi il est aussi fermé vis-à-vis du reste du monde. Une partie « histoire naturelle » permet d’avoir un bon aperçu de l’ensemble des espèces connues vivant ou ayant vécu au Wakanda. On apprend ainsi que des traces de dinosaures ont été trouvées dans la Vallée des Serpents, mais aussi que le pays abrite encore… des loutres !
Mode Pokédex activé : cette espèce, la loutre à joues blanches, ne vit qu’en Afrique. Son territoire s’étend du Sénégal à l’Ethiopie dans les zones tropicales, et descend jusqu’en Afrique du Sud en passant par la plupart des pays qui bordent l’océan indien.
On reste dans les particularités locales : moins sexy mais tout aussi instructif, je visite une usine de traitement du vibranium. Ce fameux matériau qui fait la richesse du pays est utilisé aussi bien pour renforcer les semelles de chaussures, que pour fabriquer des armes blanches, ou encore par l’industrie aéronautique qui est particulièrement développée au Wakanda.
Le vibranium est également utilisé à la place de l’azote pour fabriquer la bière locale !
Enfin, étant toujours fan de parcs d’attractions, ma dernière visite incontournable à Birnin Zina sera le Marvelland Park, un parc d’attractions entièrement dédiés aux super-héros Marvel, particulièrement populaires dans ce pays. Pour un prix plutôt raisonnable (l’équivalent d’une trentaine d’euros, ce que j’avais payé en promo à Port Aventura) on a accès à une grosse trentaine d’attractions, dont plusieurs « à sensations fortes ». On est bien au-dessus du niveau des parcs européens, et quasiment au niveau de ceux de la Floride !
Une des meilleures attractions à sensations du parc : le Hulk Coaster !
Un dernier mot sur les transports en commun : s’il existe un réseau de bus classique, j’ai été particulièrement impressionné par le Aerial Metro. Il s’agit de rames de petite taille – mais qui passent fréquemment – qui fonctionnent sans conducteur et se déplacent très vite, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus des rues de la ville. De quoi leur donner un aspect quasiment futuriste. Et en plus, c’est gratuit.
Si ce récit vous a plu, le prochain… sera moins lointain puisqu’il reviendra en Europe et plus précisément du côté de la Scandinavie puisque je compte visiter très bientôt le royaume d’Asgard !
Les bonnes adresses :
– Wakanda Central Youth Hostel : une auberge de jeunesse plutôt sympathique, certes chère par rapport à nos référentiels européens (45€/nuit sans petit-déjeuner) mais très correcte pour ce pays globalement assez onéreux. Les dortoirs proposent des petits-équipements high-tech particulièrement appréciables, comme les casiers individuels à reconnaissance oculaire (très rare en auberge) ou les stations de recharge au vibranium qui ramènent la batterie d’un Iphone à 100 % en une dizaine de minutes maximum.
Et on a même du café dans la chambre…
– N’Jadaka Coffee Shop : à première vue, ce rade perdu dans le village éponyme ne payait pas de mine. Vu qu’outre les boissons chaudes et les desserts, l’établissement propose une formule du jour, j’ai tenté sans trop comprendre ce que je commandais. Il s’agissait en fait d’une spécialité locale, le poulet à la wakandaise. C’est quasiment la même recette que la variante à la congolaise, avec du beurre de cacahuètes, des tomates, des épices… sauf qu’il est obligatoirement cuit dans un four à vibranium et je dois bien avouer que cela a sublimé le goût de la volaille.
El famoso « poulet à la wakandaise » !
Le point budget :
Même en ayant la possibilité de tout faire soit-même, sans guide, le Wakanda reste un pays très cher : je m’en sors au final à 2.400€ les dix jours, répartis ainsi :
– 550€ le vol aller-retour avec Ethiopian Airlines ;
– 400€ d’hébergement : c’est très cher, d’autant que je n’ai fait qu’une auberge de jeunesse (certes haut-degamme) à la capitale, et du Airbnb le reste du temps ;
– 250€ pour la bouffe ;
– 780€pour la location de voiture, l’essence, les péages, les parkings : c’est là que ça douille. Le pétrole ne fait pas partie des nombreuses ressources naturelles du pays… et l’essence est fortement taxée par rapport au reste, assez logiquement.
– le reste, environ 400€ donc, pour les sorties et activités, le visa, les visites, les cartes postales, les souvenirs, etc.
J’avoue m’être posée des questions sur ma culture géographique en voyant le nom Wakanda dont je n’avais jamais entendu parler avant ^^. Bien joué !
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Ah ah merci ! J’ai écrit ce truc juste pour un petit kif perso, mais aussi un peu, j’avoue, en espérant « piéger » les non-fans de Marvel ^^
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Ça a totalement marché bravo 😂
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