Le Maroc, tout sauf baroque

Préambule. Il suffit de lire le titre de quelques-uns des articles du blog pour voir que ma grande passion, c’est les jeux de mots pourris : pas d’rides à Madrid, Bangkok au vin, Vinales à désirer, et j’en passe – mais pas des meilleurs. Dans ces conditions, un voyage à Fès, ça ouvre un horizon tellement énorme (comme Montcuq, par exemple) que j’ai décidé de n’en faire aucun. Enfin, un seul juste avant, mais c’était le dernier, promis.

Je profite donc des jours féries du mois de mai qui sont admirablement bien placés quand on a la possibilité de faire les ponts, pour passer une dizaine de jours au Maroc (avant d’enchaîner sur un séjour en Espagne, que j’ai déjà raconté ici). Le programme est ambitieux puisque j’arrive à Fès, repart d’Agadir, et qu’entre les deux voici l’itinéraire qui était vaguement prévu :

itineraire Maroc

Plutôt qu’un récit chronologique, je vais évoquer les quatre « grandes » villes par lesquelles je suis passé dans ce premier billet. Le prochain parlera de tout ce que j’ai vu ou fait entre-temps. Et indice chez vous, en bas de votre écran : dans l’ensemble, autant le reste était génial, autant je n’ai pas spécialement kiffé les villes marocaines…

La première était donc Fès (non, je ne dirais rien). Je suis arrivé un samedi matin, ce qui m’a laissé une grosse après-midi et une soirée pour me balader dans la ville, avant d’en repartir le dimanche matin.

Maroc 1

La ville se divise en deux parties : ce ne sont pas Fès-gauche et Fès-droite, mais… ET MERDE J’AI PAS TENU. Continuons comme si de rien n’était. Il y a donc la medina, une sorte d’immense ville dans la ville qui date du 8ème siècle, bien préservée ; et la ville nouvelle, où se trouve les gares routières et ferroviaires ainsi que le McDo, où l’on peut rouler en voiture, et bien sûr l’aéroport. Petit tip au passage : le bus qui dessert la ville depuis l’aéroport n’est indiqué nulle part et personne ne vous préviendra de son existence. Les gens vous diront qu’il ne passe pas aujourd’hui, ou qu’il a été supprimé, pour vous rabattre vers les taxis à 120 dirhams le trajet. En sortant du hall des arrivées, il faut aller au fond à droite du parking, et à côté d’un rond point il y a des gens (uniquement des locaux ou presque) qui attendent. L’arrêt est là. Et le prix pour rejoindre la gare en centre-ville n’est plus que de 4 dirhams.

Évidemment, en moins d’une journée, on oublie les extérieurs de la ville comme la partie moderne et on se concentre sur la medina. C’est agréable car il n’y a pas de voitures, et vous serez tout de suite mis dans l’ambiance par les bruits et les odeurs. La ville est un vrai labyrinthe, beaucoup de gens vous proposeront de vous faire une visite guidée des lieux ou de vous amener à votre hôtel. A chaque fois faudra lâcher des dirhams donc à vous de voir…

Maroc 2Impossible de s’approcher plus près du palais royal…

Il y a plusieurs choses à voir mais très peu se visitent, à l’image de la mosquée Qaraouiyine ou du palais royal Dar el Makhzen, qu’il faudra vous contenter de voir depuis l’extérieur.

Restent quelques Médersa que vous pourrez soit voir de l’extérieur, soit de l’intérieur pour un prix modique, mais l’intérieur ne signifie le plus souvent qu’une cour. Le plus intéressant reste sans doute les tanneries : au nombre de trois, la plus ancienne (Chouara) a presque un millénaire d’existence. Les peaux d’animaux (mouton, vache, chèvre… dromadaire!) y sont travaillées à l’ancienne, c’est-à-dire à la main. Plutôt que d’aller sur place où il faudra éviter les nombreux rabatteurs et payer un droit d’entrée, il vaut mieux passer par une des nombreuses terrasses à proximité, quitte à donner la pièce au commerçant si vous ne lui achetez rien.

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Le dimanche matin, nous louons une voiture que nous rendrons une semaine plus tard à Marrakech. Qui mérite son surnom d’Arnakech

S’il m’est arrivé de me sentir un peu oppressé dans le souk de Fès, ce n’était rien par rapport à Marrakech. On est sollicités sans arrêt par les vendeurs en tout genre… Alors que tout est plus cher, et beaucoup plus cher, qu’ailleurs. Ils auraient tort de se priver puisque de nombreux touristes ne viennent qu’à Marrakech et n’ont donc aucun point de comparaison. Pour vous donner une idée, le prix de départ (avant négociation…) d’un même tapis qui était annoncé à 150-170€ à Aït-ben-Haddou, donc dans un lieu touristique mais isolé, démarre ici à 280€ ! Cependant, ça vaut le coup de rentrer dans quelques boutiques. Certaines semblent minuscules de l’extérieur mais une fois dedans, vous découvrez des petits labyrinthes, des stocks immenses, et un côté caverne d’Ali Baba qui mérite le détour !

La place Jemaa el-Fna est régulièrement citée parmi les choses à voir à Marrakech, alors parlons-en. Cette immense place regroupe des marchands, des stands de bouffe/boissons, et des artistes en tout genre. Elle aurait tout pour être agréable… Si ce n’est que là encore, on est sans cesse sollicités.

Maroc 4En journée, elle est plutôt calme (et la nuit, bah mes photos sont pourries…)

Dès que vous vous arrêtez devant une troupe de danseurs, un charmeur de serpents ou un magicien, vous avez une corbeille sous le nez quatre secondes plus tard et on vous demande de contribuer avant même que vous ayez vu quoi que ce soit du spectacle. Évidemment, cette agressivité ne concerne que les étrangers et pas les marocains. On vous demandera aussi du fric si vous prenez une photo (comme partout au Maroc). Il faut également surveiller sans cesse ses arrières car les petites arnaques connues sont nombreuses. La plus classique est qu’un dresseur de cobras en mette un sur vos épaules pendant que vous regardez ailleurs, puis l’enlève et demande de l’argent pour la « prouesse »…

Comme à Fès, beaucoup d’édifices religieux ne se visitent pas, mais j’ai quand même fait deux découvertes sympas qui redonnent un peu de crédit à la ville. Tout d’abord les Tombeaux Saadiens. Un ensemble de trois mausolées qui abrite une soixantaine de tombes, dont quelques prestigieuses. A voir, au moins pour la magnifique salle des douze colonnes.

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Et deuxième visite sympathique, le jardin Majorelle. Un jardin botanique racheté alors qu’il était à l’abandon par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé dans les années 80, où sont d’ailleurs dispersées les cendres du premier. Outre le jardin lui-même qui mérite le détour, on y trouve également deux musées : un dédié à YSL lui-même (que je n’ai pas visité) et un intéressant Musée de l’histoire des Berbères.

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Mon vol retour décollant d’Agadir, j’y passe ma dernière journée en prenant un bus tôt le matin (avec l’excellente compagnie CTM). L’intérêt d’Agadir peut selon moi se résumer en trois photos :

Maroc 7A

Maroc 7B

Maroc 7C

Oui, Agadir c’est une immense plage, bordée par de tout aussi immenses hôtels remplis d’une clientèle occidentale qui vient passer la semaine en all-inclusive ici, qui ont tous leurs propres boutiques/restaurants/bars/piscines et organisent vos éventuelles excursions à la journée. Miami bis donc, en moins cher heureusement. C’est pas forcément désagréable pour une fin de séjour d’ailleurs, mais de là à venir au Maroc uniquement pour rester là… L’intérêt m’échappe, presque autant que celui de Marrakech. D’après ce qu’on m’en a dit, un poil plus au nord, Essaouira est mille fois plus jolie, mais moins accessible et surtout beaucoup plus fraîche. Ses plages attirent davantage les surfeurs que les baigneurs.

Une ville a quand même trouvé grâce à mes yeux. Cette ville, c’est Ouarzazate ! Nous n’y avons pourtant marqué qu’un bref arrêt. Elle est certes plus petite et moins fréquentée que les trois autres. Il y avait au moment de notre passage le festival IGRAR ; plusieurs scènes étaient dressés dans la ville. La plus grande était sur la place Al-Mouahidine, mais la plus curieuse était à l’intérieur de la Kasbah Taourirt, ce qui nous a permis de l’apercevoir partiellement… et gratuitement.

Au passage, c’est assez curieux de voir les marocains en festival. Ca ressemble en tout point à ce qu’on peut voir en France (du moins à un festival familial comme Europavox) , sauf que personne n’a de verre à la main ! Du coup, je ne sais même pas comment ils gagnent de l’argent…

Mais outre ses kasbahs, Ouarzazate est principalement réputée par le cinéma. Elle annonce d’ailleurs la couleur d’entrée :

Maroc 8

De nombreux décors naturels de la région ont été utilisés dans différents films/séries. Mais on trouve aussi différents studios (Atlas et CLA notamment), ainsi qu’un musée du cinéma. J’ai choisi de visiter les studios Atlas, sans m’être spécialement renseigné avant, mais parce qu’ils se trouvaient à la sortie de la ville et à proximité de notre hôtel. Une visite en deux temps : d’abord une partie guidée où l’on voit de petits décors, costumes et accessoires, ainsi qu’un « vrai » studio entièrement vide. La galère de Ben-Hur est le plus impressionnant, mais on voit aussi des éléments de films comme La colline a des yeux, Prince of Persia, La momie ou encore Astérix & Obélix mission Cléopâtre. Pour ce dernier, les décors les plus impressionnants (les pyramides notamment) étaient malheureusement dans un autre studio où nous ne sommes pas allés.

Maroc 9ALa galère de Ben-Hur…

La deuxième partie se visite librement : il s’agisse d’un immense « château » dont les différentes parties ont notamment servi à Kingdom of Heaven, à la série Jerusalem, et surtout à Game of Thrones, qui sera décidément la thématique de ce mois de mai (avec ma visite de Gaztelugatxe au pays basque). Il s’agit en effet du château d’Astapor, où Daenerys Targaryen libère des milliers d’esclaves dans la saison 3.

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Maroc 9C1GoT ou pas, on perd pas les bonnes habitudes avec l’habituel dab du voyage !

Ce qui est impressionnant avec ces décors, c’est qu’on s’aperçoit, rien qu’en prenant des photos avec nos bêtes smartphones, que toutes les dimensions sont étudiées pour rentrer parfaitement dans le cadre. Ça n’arrive jamais avec un « vrai » bâtiment qui sera toujours trop haut, ou trop large, qu’on sera obligé de prendre de loin quitte à avoir beaucoup de ciel en haut… Une visite pas indispensable au final, mais quitte à être dans le Hollywood marocain, autant en profiter.

Maroc 9BDes décors qui ont servi à plusieurs films « égyptiens »…

Quitte à passer ses vacances dans une seule ville au Maroc, je choisirais Ouarzazate, même si ce n’est pas la mieux desservie depuis les aéroports français. Elle est plus préservée que les autres du tourisme de masse, il y fait toujours chaud, elle propose quelques activités en ville (surtout pour les férus du septième art) et sa position est stratégique : on est proche du désert, proche de Marrakech, et au cœur du Haut-Atlas. Dommage qu’elle soit juste un peu trop loin des côtes pour offrir un mix parfait.

Globalement, vous l’aurez compris, la partie « urbaine » du Maroc m’a un peu déçu, en particulier Marrakech. Et encore, je n’ai même pas visité la capitale du pays : de ce que j’en ai lu, j’aurais sans doute été encore plus Rabat-joie. Mais au total, je n’ai passé qu’environ un tiers de mon voyage dans ces villes. Je vous rassure, le reste était génial, et ça tombe bien puisque c’est ce qui sera raconté dans le prochain article !

Les bonnes adresses :

Douyria (Ouarzazate) : même si nous n’avons pas le même classement avec ma camarade de voyage, c’est pour moi le meilleur restaurant du séjour ! Un restaurant sur trois étages avec deux salles et une terrasse rooftop qui a eu notre préférence, d’autant qu’elle donne sur la Kasbah Taourirt et, plus loin, sur la nature qui entoure la ville. Cette valeur sûre – classée 2ème meilleur resto de Ouarzazate sur Tripadvisor – propose outre son cadre un excellent rapport qualité-prix. Nous avons mangé et bien mangé pour 34€ à deux, tip inclus, avec apéro-entrée-plat-dessert-coca. Les boissons alcoolisées affichant clairement des prix destinés aux touristes partout dans le pays, un bon point de comparaison est le… Ricard (!) que j’ai pris en apéritif : 40 dirhams alors qu’il était entre 50 et 65 dans les quatre autres endroits où j’en ai vu à la carte.

Atlantic Palm Beach (Agadir) : soyons clairs, je déconseille d’y passer la semaine (ou plus) comme le font la plupart des clients de ce type d’établissement. Mais il faut avouer qu’après dix jours de voiture, de marche, de journées bien remplies, se détendre dans ce genre d’établissement fait un bien fou. Chambres confortables, avec un frigo, une super salle de bain, un balcon, un immense canapé d’angle, une clim qui fonctionne… Et surtout la piscine.

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On est sans doute sur les standards d’Agadir, mais pour avoir beaucoup comparé, c’était un des moins chers : 39€ la nuit. Un rabais qui se justifie par l’éloignement relatif de l’hypercentre et de la plage, mais rien d’insurmontable. J’ai marché environ 30 minutes depuis la gare routière CTM, et 10 minutes pour atteindre la plage. Alors effectivement, il y a en a avec lesquels il n’y a que la route à traverser et parfois même pas, mais c’est plus cher… Et j’ai d’autant plus apprécié ma nuit qu’elle ne m’a presque rien coûté, ayant utilisé une nuit gratuite grâce au système de fidélité d’Hotels.com !

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