Après un premier article assez généraliste, il est temps de rentrer dans le vif de MON récit !
J’ai pas passé quinze jours au Rwanda juste pour vérifier s’ils connaissaient Stromae ou si les Mastercard fonctionnaient dans les DAB.
Pour le… « contexte » de ce voyage, je suis donc parti seul pendant ces quinze jours.
Wouaw !
Merci. En fait, c’était pas prévu, mon camarade de route s’étant fait renverser en vélo avant le départ (sans doute pour éviter cette destination)… Mais je n’étais pas seul pour autant puisque je rejoignais une amie sur place, partie là-bas comme enseignante depuis le mois de septembre.
Ah…
Oui, tout de suite ça fait moins warrior. J’avais donc un hébergement qui m’attendait à Kigali, et la chance de connaître quelqu’un qui allait pouvoir me donner quelques conseils, me faire un peu découvrir la vie locale… Ça explique aussi pourquoi je suis resté longtemps dans la capitale au lieu de faire un road-trip en changeant de point de chute tous les 2-3 jours comme je fais habituellement : j’ai du y passer au moins la moitié du temps, et faire trois vraies « excursions » dans le pays, en partant et en revenant de Kigali à chaque fois, avec au moins une journée de repos entre-temps.
Les voyages en bus permettent de regarder le paysage…
Et trois jours après mon arrivée, je partais pour ma première étape : le lac Kivu ! Qui n’a pas vu Kivu en allant au Rwanda ?
Il fait partie des Grands Lacs d’Afrique et est l’un des rares du continent où l’on peut se baigner en tout sécurité sans craindre de croiser un crocodile ou un autre animal pas forcément très sympa. Il marque également une partie de la frontière entre le Rwanda et le Congo – pardon, la République Démocratique du Congo. Au sud, Cyangugu (Rwanda) est voisine de Bukavi (RDC) et forme un ensemble urbain qui n’est finalement séparé que par la frontière. Même chose au nord entre Gisenyi, qui fut mon point de chute, et Goma, qui tous les ans accueille l’important festival Amani, rien de moins que le Woodstock congolais askip. Et que j’ai raté à dix jours près…
Le soleil se couche, à quelques mètres du Congo
Les habitants des deux villes ont des cartes qui leur permettent de traverser la frontière comme ils veulent, et en ce dimanche ensoleillé ce sont plutôt les congolais qui viennent passer la journée au Rwanda. Le chemin inverse est plus rare. J’assiste entre autres à un match Barça-Real qui opposent les rwandais en tenue blaugrana, aux congolais qui portent les couleurs madrilènes. Les deux entraîneurs tenteront bien de me recruter pour me faire jouer, et je m’en sors d’une pirouette en prétendant être supporter de l’Atletico (ce qui est à moitié vrai depuis mon passage à Madrid !).
Le Barça à l’attaque !
Evidemment, vu sa situation géographique, les extrémités nord et sud du lac sont plutôt à éviter en période de troubles entre les deux pays. On peut alors se rabattre sur Kibuye, située au centre de la rive est, qui semble manquer un peu de charme mais a le mérite d’être plus proche de Kigali. C’est à quelques kilomètres de Kibuye que se situe une centrale installée sur le lac qui extrait le méthane de celui-ci, pour fournir de l’électricité au pays et l’aider à atteindre son objectif d’indépendance énergétique, tout en limitant le risque de catastrophe naturelle. Pour en savoir un peu plus…
A un moment donné, j’étais à deux cent mètres de la frontière congolaise ; mais étant reparti de là vivant, je suis reparti pour une deuxième excursion du côté cette fois de Musanze/Ruhengeri, dans le nord du pays. Oui, pour faciliter les choses, les grandes villes portent souvent deux noms : elles ont leur vrai nom (ici Ruhengeri), mais beaucoup l’appellent par le nom de la province dont elle est le chef-lieu (ici Musanze donc).
Contrairement au reste du pays, on est ici un peu plus habitués à voir des touristes puisque c’est le point d’entrée du parc national des volcans, celui-là même qui abrite les fameux gorilles de montagne. Une activité hors de prix comme évoqué dans le billet précédent, qui attire surtout une clientèle aisée qui passe ici en coup de vent après un congrès à Kigali ou une semaine de safari au Kenya…
En route pour Kinigi en moto-taxi !
Cette habitude du tourisme occidental se ressent dans les attitudes du gens, qui vont être ici un peu moins surpris de voir un Muzungu déambuler dans la ville, mais vont plus facilement tenter la petite arnaque locale, ou tout simplement réclamer du fric. Les prix sont aussi plus élevés, dans les restos entre autres.
Pour ma part, je séjourne au milieu de nulle part à la ferme de Mitobo : située après Kinigi, au pied des volcans et notamment du mont Sabyinyo (3.645 mètres).
La ferme propose quelques chambres pour les visiteurs, ainsi que des emplacements de camping et des repas sans prétention, pour un tarif très correct pour la région. C’est aussi une ferme « équitable », qui forme et emploie du personnel avec une rémunération correcte. Entre sa cheminée dans l’immense pièce commune idéale pour les jours de pluie (comme à mon arrivée), les animaux et les jardins, c’est une adresse excellente pour simplement se relaxer au calme.
Ce qui serait dommage puisque l’autre intérêt de la région reste quand même d’aller faire des petites randos dans le coin. Rien de très ambitieux puisqu’outre la météo capricieuse, rentrer à l’intérieur du parc-même des volcans nécessite une autorisation. Mais il reste facile en marchant un peu d’avoir une belle vue sur les environs. Vous verrez des armes à l’écorce très abîmée : c’est l’oeuvre des gorilles, qu’il est parfois possible d’entendre la nuit ou, avec beaucoup de chance, d’apercevoir au loin lorsqu’ils s’aventurent jusqu’à la limite de « leur » aire…
Ah, j’ai fait un peu d’apiculture dans le coin aussi.
Je sais, y a pas besoin d’aller en Afrique pour ça, on en a chez nous et y a même pas besoin d’aller très loin (genre Saint-Julien-aux-Bois) mais bon…
Last but not least, après l’ouest et le nord, direction l’est pour ma troisième et ultime étape. Le sud n’a pas trop d’intérêt, excepté le parc de Nyungwe qui abrite beaucoup de chimpanzés mais est assez onéreux aussi…
Cette fois, ce n’est pas seul mais en compagnie de ma pote et de quelques-uns de ses collègues expatriés que je prends la route du parc Akagera, pour un gros week-end « safari » !
Le parc se situe à la frontière de la Tanzanie et cela se ressent : sur les températures qui gagnent quelques degrés, sur le paysage avec de vastes pleines qui évoquent davantage l’image qu’on se fait de l’Afrique que les froides montagnes des Virunga (où j’avais chopé un mal de gorge et un rhume pour l’anecdote). Il s’étire tout en longueur et le parcours classique consiste à rentrer par le sud, une partie vallonnée qui est le repaire des buffles ou des rhinocéros ; et à ressortir par le nord, moins arboré, où l’on peut espérer apercevoir quelques gros félins. Entre les deux, plusieurs points d’eau où cohabitent crocodiles et hippopotames.
Avec « seulement » 8.000 animaux pour un peu plus de 1.000 kilomètres carrés, la densité de la faune n’a rien à voir avec celle qu’on peut avoir au Kenya, en Tanzanie ou même en Afrique du Sud. Il est fréquent de rester longtemps sans rien voir d’autre que la végétation et les paysages. Cette rareté se ressent sur la fréquentation : 25.000 visiteurs seulement viennent ici chaque année et vous serez assez peu emmerdés par le ballet des autres 4×4. Et heureusement, ça se ressent aussi sur le tarif puisque le transport depuis Kigali, la voiture avec chauffeur, l’essence, l’entrée du parc et la nuit au camping m’aura coûté un peu plus de 100.000 FRW pour ces deux jours.
Et niveau bestioles alors ? Malgré notre heure d’arrivée tardive avec les deux heures de route depuis Kigali, nous avons été plutôt servis dès l’entrée dans le parc avec plein d’éléphants à proximité de la voiture qui ont ensuite traversé le chemin juste devant nous !
La suite de cette première journée aura été assez calme, avec quand même quelques rhinos et buffles (pas aussi proches) et quelques animaux moins rares comme les différentes espèces d’antilopes (impalas, topis…), les sangliers… Et beaucoup de temps morts. Arrive le moment du camping : le lieu est très sommaire avec un point d’eau, quelques toilettes sèches et une poignée d’emplacements pour faire du feu. Le tout entouré par une clôture électrique qui serait déjà tombée en panne par le passé, permettant à quelques animaux de rentrer en pleine nuit…
… Finalement nous n’aurons pas eu de visiteur nocturne, pas même Mutware. Qui est Mutware ? Un éléphant super vieux qui s’est fait tirer dessus pendant le génocide. Entre ses blessures et ses difficultés à trouver une femelle à cause de ses défenses pas belles à voir, il est un peu agressif avec les gens et il lui est déjà arrivé de renverser quelques voitures de touristes, même s’il n’a pas fait parler de lui depuis un moment.
Par rapport à la première, la deuxième journée sera… finalement assez calme aussi. Petite déception de ne pas avoir vu de félins, même si le léopard est très rare et que le lion est difficile à trouver aussi puisqu’il n’y en a qu’une grosse vingtaine dans tout le parc. Les hippos et les crocos seront au rendez-vous, tout comme les zèbres et les girafes, et j’apercevrais même furtivement une hyène, un animal moche mais rare !
Au final, je suis content d’avoir fait ce week-end car je venais bien en Afrique – aussi – pour voir la faune sauvage et accessoirement qu’on aura passé de bons moments avec les expats, surtout au camping où j’ai découvert le Waragi, la boisson nationale (enfin, ougandaise, mais c’est pareil). Mais l’Akagera ne tient pas forcément la comparaison avec la réserve Hluhluwe-Umfolozi que j’avais visité en Afrique du Sud. En une (très) grosse matinée, à deux, sans guide ni chauffeur et avec une Polo de location, nous avions vus beaucoup plus d’animaux qu’ici. Malheureusement les événements de 1994 ont laissé des traces dans la population animale aussi et même si certaines espèces sont réintroduites petit à petit, il faudra du temps avant que la zone ne se repeuple davantage. D’autant, on l’a bien compris, que le gouvernement met le paquet sur les gorilles qui restent la vitrine touristique du pays.
Dans le troisième article sur le Rwanda, je parlerais en long, en large et en travers de Kigali où j’ai passé plus de la moitié de mon séjour !
Les bonnes adresses :
– Centre d’accueil François-Xavier : vous vous en rendrez compte si vous faites quelques recherches mais dans ce pays globalement bon marché, l’hébergement est le poste qui peut vite faire grimper la note et j’étais bien content d’être hébergé à Kigali… Sur les bords du lac Kivu, vous trouverez beaucoup d’hôtels très chers par rapport aux prestations proposées, et la bonne solution pour se loger à pas cher sera souvent… un établissement catholique ! Mon amie m’avait conseillé d’aller au couvent Saint-Benoît qui a l’avantage d’être au calme et l’inconvénient d’être loin de la ville (oui, c’est lié). J’ai choisi une solution plus urbaine mais dans le même style et à peine plus onéreuse (5 à 10€ la nuit pour une chambre simple). A noter que depuis peu, ils ont assoupli leurs conditions puisqu’il n’est plus nécessaire de présenter de certificat de mariage pour partager une chambre double, au cas où !
– la ferme de Mitobo : aussi appelé la Paillote Gorilla Campsite si jamais vous la cherchez sur Booking, par exemple (même si me demander est encore mieux, ayant gardé un contact sur place) ! J’en ai parlé un peu plus haut, par rapport aux adresses hors de prix de la région qui accueillent une clientèle aisée venue pour les gorilles, l’endroit fait l’affaire pour se détendre au pied des volcans, toujours sans exploser le budget. Le propriétaire, Joseph, possède plusieurs endroits dans le coin, tous appelés « la Paillotte », c’est presque une chaîne locale. Parmi eux, un restaurant-pizzeria de Musanze qui… n’est pas le meilleur où j’ai mangé au Rwanda en revanche.
2 réflexions sur “BBB : balades, baignades et bestioles au Rwanda”