Après la Floride, la Corse ou Amsterdam en 2017, il était temps de sortir un peu des sentiers battus. Le Rwanda, par exemple !
Un pays sur lequel je ne savais moi-même pas grand-chose il y a six mois, avant que l’idée – et l’opportunité, j’y reviendrais – de ce voyage ne germe. Je me suis dit que pour commencer, un petit « guide pratique » sous forme d’abécédaire serait pas mal. Ça intéressera surtout ceux qui prévoient de s’y rendre, mais aussi ceux qui veulent juste connaître quelques généralités sur le pays (même si la page Wikipedia fait ce boulot mieux que mon blog !).
A comme Avion : évident ? A voir. Certes, rien ne vous empêche de descendre en moto jusqu’au sud de l’Espagne, de prendre un ferry, puis de rallier le Rwanda en traversant l’Algérie, le Niger, le Tchad, la Centrafrique et le Congo. Le commun des mortels prendra plutôt l’avion, mais attention : aucune compagnie ne propose de vol direct depuis la France ! Les options ne sont pas très nombreuses et se résument à Brussels Airlines, Ethiopian et KLM, avec des escales respectives à Bruxelles, Addis-Abeba et Amsterdam. J’ai choisi la première et payé un peu moins de 400€ l’aller-retour, un très bon prix pour cette partie de l’Afrique. Un prix qui était proposé au départ de Lyon, Toulouse, Paris…
B comme Belgique : le Rwanda est une ancienne colonie belge, comme le Congo (sauf que Tintin ne leur a jamais fait l’honneur d’une visite). L’influence demeure encore aujourd’hui, la diaspora belge est très présente à Kigali qui accueille beaucoup d’expatriés du pays des frites, des gaufres et de la Chouffe.
C comme Collines : ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « le pays des mille collines ». Entre les hautes montagnes au nord-ouest et les plaines du sud-est, c’est un relief très vallonné qui s’étend. C’est vrai même dans la capitale, qui se situe à environ 1.500 mètres d’altitude – d’où les températures très acceptables malgré la proximité de l’équateur. Si vous prenez un moto-taxi, le tarif (s’il essaie pas de vous pigeonner…) sera de 300 FRW si vous restez sur la même colline, et de 200 FRW supplémentaire par colline de plus. Vous n’avez plus qu’à compter les montées et descentes pour être certain de payer le juste prix !
Les moto-taxis c’est la vie !
D comme Drapeau : vous vous demandez certainement ce que symbolise le nouveau drapeau du Rwanda, qui a remplacé l’ancien vert-jaune-rouge après le génocide ?
Non.
Tant pis, je vais vous le dire quand même ! Le bleu représente le bonheur et la paix ; le jaune, la richesse et le développement durable du travail du peuple ; et le vert, l’espoir. Le soleil dans le coin supérieur droit est la lumière qui éclairera les rwandais.
E comme Ecologie : et oui, le Rwanda est hyper écolo, surtout pour un pays africain ! On peut citer comme mesures symboliques l’interdiction des sacs plastiques sur le territoire (ils peuvent être confisqués à l’aéroport si vous en avez dans votre valise), les investissements énormes sur les énergies renouvelables (le solaire notamment), les amendes de police pour ceux qui jetteraient quelque chose dans la rue, l’Umuganda (voir plus bas), l’encouragement au tri sélectif, les bouteilles de bière en verre qui sont consignées dans certains magasins…
F comme Franc Rwandais : la monnaie nationale depuis 1964. Début 2018, il faut diviser les prix par 1000 environ pour avoir une idée du prix en euro… Avantage : c’est facile à calculer de tête. Mais, signe de l’influence grandissante des anglophones, le président Kagame a évoqué à plusieurs reprises l’idée de le remplacer par un Dollar Rwandais, qui aurait un cours aligné sur ceux des Shillings kényans et tanzaniens.
En parlant d’argent, il est possible de retirer du cash à plusieurs endroits, et certains commerçants acceptent les cartes bancaires. Mais une carte Visa sera nettement plus acceptée qu’une Mastercard, que ce soit dans les commerces ou dans certains DAB.
On trouve des vraies banques. Enfin des banques.
G comme Gorilles : l’emblème du pays. Les montagnes du Virunga abritent environ la moitié des derniers gorilles de montagne, une espèce en grand danger d’extinction. Quelques autres sont en Ouganda et au Congo.
Aller les voir se mérite : il y a 8 groupes qui peuvent être visitées chaque jour (les autres se reposent ou sont réservés à la recherche scientifique), une fois par jour, pendant une heure et par un groupe de huit personnes maximum ! En contrepartie, ce n’est pas une activité à la portée de toutes les bourses puisque les étrangers, qu’ils soient résidents ou non, doivent débourser 1.500 $ ! Et ce prix n’inclue que le permis pour aller les voir, il faut donc rajouter guide, transport, etc. Pour les rwandais, le prix s’élève à 60.000 FRW, à peine 60€ donc, mais dans un pays où le salaire mensuel moyen ne dépasse pas 40€…
Vu le prix des « vrais », voici les seuls gorilles que je verrais pendant mes vacances…
H comme Hotel Rwanda : sans doute le film le plus connu sur la tragédie de 1994 et même plus largement, sur le pays. Il fut tourné dans des décors reconstitués en Afrique du Sud mais s’inspirait d’une histoire réelle, et l’hôtel en question – Hôtel des Mille Collines – existe toujours ; il fait partie des plus renommés de Kigali.
I comme Igisafuliya : un des rares plats typiques du pays d’après mon guide. Du poulet, des bananes, des aubergines et de l’arachide, en gros. Je ne sais pas ce que ça vaut, j’ai pas eu l’occasion de goûter !
J comme J’y suis resté deux semaines : et c’est court. Bon d’accord, j’avoue, j’étais moyennement inspiré pour le J.
K comme Kigali : la capitale du pays fait des envieux sur le continent. Son surnom de « Singapour africaine » n’est pas forcément usurpé. La ville est propre, moderne, attractive, sécuritaire. On y trouve des centres commerciaux, des hôtels de luxe et un Convention Center qui lui permet d’être la troisième ville d’Afrique ayant accueilli le plus de congrès internationaux en 2016, derrière Le Cap et Marrakech.
La population locale n’est pas oubliée. Exemple de modernité, un guichet unique permet de faire toutes les démarches en vue de créer son entreprise en six heures chrono avec seulement deux formulaires, le tout gratuitement. Le délai moyen sur le continent est de deux mois…
Puis bon, une ville où y a Michelin, c’est un bon début.
L comme Langues : ancienne colonie belge oblige, le pays a longtemps été une terre francophone. Cela fait d’ailleurs partie des atouts mis en avant par les guides de voyage, les agences… En réalité, le français décline depuis quelques années. La clique actuellement au pouvoir, venue former un gouvernement de réconciliation après le génocide, est celle qui était auparavant exilée en Ouganda où l’on parle… anglais. L’enseignement se fait désormais dans la langue d’Owen Farrell (ouais, Shakespeare, c’est has-been), et le français est une deuxième langue parfois obligatoire, souvent optionnelle, dans beaucoup d’écoles. Idem pour les panneaux d’information, les menus des restaurants… L’idée est aussi de s’ouvrir davantage au tourisme, les américains ou les asiatiques étant davantage enclins à se rendre dans un pays anglophone. Le français reste pour l’instant compris et parlé surtout par les anciens.
La plupart des rwandais se fichent pas mal de ce débat puisque la langue la plus parlée demeure le kinyarwanda ! Ils seront très contents si vous avez fait l’effort d’apprendre quelques mots/phrases dans ce dialecte, mais aussi très joueurs puisqu’ils vous répondront en vous entraînant sur un terrain de plus en plus pointu jusqu’à ce que vous soyez obligé d’admettre « sorry, I don’t understand » !
M comme Muzungu : un Muzungu, c’est un blanc. Le terme est quelque peu péjoratif, faut le savoir. Mais d’un autre côté, ils n’ont pas vraiment d’autres mots dans leur langage pour nous désigner, donc bon… A vous de voir si vous voulez jouer les offusqués en l’entendant (mais vous n’avez pas fini).
N comme New York : Ouais, d’après le Figaro, on vit aussi bien à Kigali qu’à New York. Bon, j’ai bien dit, d’après le Figaro.
Si vous êtes déjà allés à NY (moi non), qu’en pensez-vous ?
O comme Ouganda : actuellement au beau fixe, il arrive fréquemment que les relations diplomatiques se tendent entre le Rwanda et son plus proche voisin l’Ouganda. Les deux pays sont d’ailleurs obligés de déclarer régulièrement que leurs relations sont paisibles, un peu à la manière d’un président de Ligue 1 qui conforterait son entraîneur après une série de mauvais résultats… Et on sait tous – enfin ceux qui suivent un peu le foot – comment ça finit généralement. Le président Kagame a pourtant grandi et vécu en Ouganda où il était exilé, comme la plupart des cadres de son parti, le FPR. Qui au passage est quasiment l’unique parti politique du pays…
P comme Petit Futé : un des revers de la médaille d’être un pays peu touristique, c’est que les éditeurs ne se battent pas pour sortir des guides sur cette destination. Exit la traditionnelle lutte entre le Routard et le Lonely Planet, aucun des deux ne propose de bouquin sur le Rwanda. Ils ont une partie consacrée au pays sur leur version « Afrique de l’Est » mais c’est tout. Idem pour Michelin qui se contente des destinations plus courantes (Seychelles, Tanzanie, Maroc…). Du coup, le seul choix qui s’offre à vous, en tout cas en français, sera le Petit Futé ! Pas vraiment le meilleur, loin de là. Énormément de publicités et – je pense – de pubs déguisées en conseils. Mais faute de merle…
Q comme Quatre-vingt-quatorze : ouais je triche, mais le G pour Génocide était déjà pris. 94 est l’année qui marque un tournant dans l’histoire du Rwanda : il y a définitivement un avant et un après. On peut regretter que le pays soit principalement connu pour cela, mais d’un autre côté et comme vous le verrez dans les prochains articles, quasiment toutes les visites proposées à Kigali ont un rapport avec… Difficile de l’ignorer donc.
R comme Routes : et oui, il y a des routes au Rwanda ! Bien loin de l’image de pistes de terre au milieu de la pampa que l’on a de l’Afrique subsaharienne, les rues de Kigali sont remarquablement entretenues, et les liaisons entre la capitale et les villes importantes du pays sont également bitumées et régulièrement rénovées lorsqu’elles se dégradent. Ça peut se compliquer si l’on sort des sentiers battus…
On trouve quand même des pistes qui nous donnent l’impression d’être en Afrique !
S comme Stromae : les rwandais célèbres ne sont pas très nombreux, et le belgo-français Stromae est sans doute le plus connu. Son père a été tué au cours du génocide en 1994. Sinon, on peut aussi citer le canado-rwandais Corneille (qui n’est quasiment pas connu là-bas) ou le footballeur franco-rwandais Kevin Monnet-Paquet…
T comme Tourisme : Hormis le tourisme d’affaires, il n’est pas encore très développé au Rwanda… Et c’est une chance ! La population n’est pas habituée aux touristes américains ou chinois qui balancent les dollars sans compter en Tanzanie, au Kenya ou en Afrique du Sud. Ou alors, ils vont justement visiter un de ces voisins et terminent leur séjour par une visite expresse aux gorilles dans le nord, avant de rentrer chez eux.
Il est du coup plus facile de négocier pour obtenir les mêmes prix que les locaux, et on ne trouve pas (trop) de petites arnaques spécial-touristes-crédules. Le passage à la douane est assez simple aussi, le Rwanda étant connu pour être probablement le pays le moins corrompu de toute l’Afrique subsaharienne. OK, certains concurrents ne font pas vraiment d’efforts pour ce classement…
U comme Umuganda : c’est le nom donné au dernier samedi du mois qui est une sorte de travail d’intérêt général obligatoire pour toute la population, sauf les vieux et les gamins, pour faire simple. Les rues sont nettoyées – d’où leur propreté ; les terrains entretenus, des bâtiments publics construits ou réparés, les cours d’eau nettoyés et j’en passe. Les absents qui n’auraient pas un mot d’excuse avec une raison valable se prennent une amende et, pire que ça, la honte.
Les rues de Kigali, bien plus soignées que dans pas mal de capitales européennes…
V comme Visa : depuis le 1er janvier 2018, il n’est plus nécessaire de demander un visa à l’ambassade avant son arrivée. Une première dans cette zone de l’Afrique ! Le visa se fait à l’arrivée, peut être payé par carte bancaire Visa – c’est pas un jeu de mot, c’est vrai ! – et coûte 50$. Pour 100$, on peut aussi avoir un East African Visa qui permet de visiter aussi l’Ouganda et le Kenya.
W comme Wi-fi : encore peu répandu chez les particuliers… Et pour cause, le pays souhaite miser directement sur la fibre optique à terme. On le trouve quand même dans beaucoup de lieux publics (musées, restaurants…).
Si vous restez une semaine minimum, le mieux reste d’investir dans une carte SIM locale. Trois opérateurs se partagent le marché : MTN est a priori le plus performant, mais aussi le plus cher. Enfin, cher… La carte elle-même coûte 2.000 FRW (2€) et pour 5.000 FRW (5€), vous aurez 1 Giga de 4G par jour pendant une semaine. D’autres formules existent mais c’est la plus intéressante pour un court séjour. N’ayant jamais dépassé le plafond journalier, j’ai eu internet en illimité pendant deux semaines pour 12€. Une broutille par rapport à ce que m’aurait coûté la même option chez Sosh sur ma SIM française.
Vous l’aurez compris, les X, Y et Z ne m’ont pas vraiment inspiré. Mais tout ça est déjà un bon début, non ?
Le « vrai » récit commence dans le prochain article ! Kigali sera écumée en long, en large et en travers ; et on ira également faire un tour du côté du lac Kivu, de Musanze au nord du pays, ou encore dans le parc national de l’Akagera.
Article super intéressant !
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Tant mieux s’il intéresse quelqu’un 😀 merci Marion !
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Très honnêtement ça donne même envie d’aller y faire un tour 🙂 j’aime les destinations atypiques et pour moi le Rwanda en fait partie ^^
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Alors fonce ! Surtout que j’ai regardé ton blog en vitesse (j’y vais moins en vitesse dès que possible, promis ^^ ) et apparemment on aime les mêmes destinations, j’ai cru voir un voyage solo au Guatemala (c’était mon précédent), ou encore le Maroc (c’est mon prochain) !
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Effectivement je visité seule ces deux pays 😉 Le Guatemala c’était absolument génial, un de mes meilleurs voyages 🙂
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